Du général au particulier…

Donc d’une façon générale, il fait froid.
Je fais partie de ceux qui ne prennent aucun plaisir à ça. On me dira « oui, mais les feux de cheminée, les bols de soupe, le chocolat chaud, tout ça », ben non vu que je n’ai pas de cheminée. À partir de là, aucun charme.

D’une façon générale aussi, c’est bientôt Noël. On voit les rues remplies, les magasins qui annoncent les ouvertures du dimanche, les guirlandes qui clignotent, et ça achète.
C’est tentant de tomber dans le panneau, mais mon porte-monnaie me freine.
Faire des cadeaux, j’adore ça. Mais à chaque fois, c’est la même histoire, tu te dis « un petit truc pas cher  pour chacun » et tu dépenses la totalité du budget facture de gaz. Et du coup, l’argent que toi tu as reçu pour noël te sert à payer la facture de gaz. Vases communicants à sens unique : l’argent sort de ton porte-monnaie.

Dans l’ensemble également, je considère que y’a des tas de raisons de s’inquiéter et de s’énerver.
Hésitation : se retirer du monde ou non ? Le commenter ne suffit pas, ne suffit plus. Le changer, je ne sais pas si on peut y croire. Je m’accroche à mes principes, au seul qui me vaille : « tendre vers ». Mais ça vacille. Je me sens tanguée au milieu de mes paradoxes : hier j’ai acheté, j’ai pas pu m’empêcher.
Je m’attarde sur mon apparence, je crois que si j’ai cette paire de chaussures ma vie sera plus belle, je rêve d’avoir ce beau canapé qui coûte plus cher que mon mois de salaire, je résiste à la tentation d’une crème miracle persuadée que le miracle n’aura pas lieu (mais si ça marchait vraiment…).
Je feuillette les magazines, et oui, il y a des sacs qui valent un mois de travail. Personne ne hurle au scandale. Le scandale est ailleurs, dans la neige qui tombe, dans Cantonna qui veut qu’on se bouge et comme il est footballeur il doit rester à sa place (c’est scandaleux, hein, ces citoyens qui disent ce qu’ils pensent Mme Lagarde…). Bref.

Dans la majorité, l’hiver accentue les écarts, creuse l’horreur : ceux qui ont froid et qui en meurent parfois VS ceux qui ont chaud, ceux qui offrent des cadeaux énormes VS ceux qui regardent les vitrines, ceux qui font les bénévoles aux restos du cœur VS ceux qui font des réformes à la noix, ceux qui mentent VS ceux qui rament dans le réel.

Voilà, en gros, je me suis encore emballée. (comme un cadeau)

En particulier, j’ai commencé à lire le Bret Easton Ellis. J’en suis à la page 77. Je le lis sans déplaisir. Non, je le lis tout court. Pour l’instant, ça me fait ça.
Mais j’ai lu avec un grand intérêt l’essai de Siri Huvsdet, La femme qui tremble.

Autre détail : mon fiston a 18 ans demain. Je ne pensais pas un jour avoir un fils de 18 ans. En ce moment, je trouve ça un peu compliqué d’avoir un fils de 18 ans.

Pour finir, un zoom sur le réel.
2 jeunes vendeurs dans un magasin commentent l’émission qui passe à la télé (l’écran plat est accroché au fond de la boutique) :
– Ça veut dire quoi Polychromie ?
– C’est une maladie je crois. Une maladie avec un 4 dedans. Attends je cherche…

Il sort son Iphone, moi je sors pour rire.