Dimanche soir, j’ai vu « Faites le Mur ! »(drôle de traduction du titre original « Exit through the gift shop », petite phrase que l’on trouve à la sortie d’une expo et qui fait aller directement à la boutique du musée… Autrefois, on y trouvait des livres et des catalogues, aujourd’hui on y trouve de tout, avec même des joconde sur des mugs). Donc ce film, de Bansky. Et si je me suis réjouie de la deuxième partie consacrée à Mr Brainwash (et qui se moque de l’art dans sa posture médiatico-financière), je me suis surtout régalée de la première partie où on suit les street-artistes dans la rue ou dans leurs ateliers.
J’avais écrit ça l’hiver dernier, le 6 janvier 2009 exactement… (janvier = mois du street art chez sophie poirier) (je ne sais pas pourquoi) (ma rebellion doit être à fond en début d’année)
« J’ai toujours fantasmé sur ce qui se donne à voir, dans la rue. J’aime cette gratuité-là, avec la liberté, avec l’idée de réveiller les gens, ceux qui passent par-là, ceux qui marchent la tête un peu basse, ceux qui s’ennuient dans la vie. Au lieu d’animer l’esprit déjà bien encombré de ceux qui visitent les galeries, qui osent entrer dans les librairies et qui savent sur tout donner leur avis.
Il y a Ernest Pignon Ernest. Dont je n’ai jamais rien vu en vrai, in situ.
Parce que le street-art, c’est aussi une question de chance, être là ici et maintenant, et le ici/maintenant c’est pas toujours des endroits où tu aurais envie d’aller, encore moins d’y vivre.
Paradoxe : je n’ai vu cet art-là que dans les musées ou dans les livres. Quelquefois, j’ai aperçu un Space invader en vrai.
Et JR, le photographe, à Arles.
Nonobstant (yes, je l’ai placé, et là il va parfaitement, c’est pas une posture, c’est un vrai nonobstant qui sonne juste) (trop la classe)
Nonobstant donc, je suis fascinée. Car même « institutionnalisé », le propos de l’art dans la rue reste efficace.
Et Ernest, un des Maîtres en quelque sorte, j’ai vu cet été une belle expo à L’Isle sur Sorgue, à la Maison de René Char. Avec surtout les hommes qui ressemblent à des Cris de Munch, collés sur des vitres de cabines téléphoniques. Il y avait également un film, dans lequel on voyait le grand monsieur malicieux travailler, expliquer, se régaler. Il dessinait les corps, ses modèles étaient des danseurs, tiraillés dans des positions christiques, quand le corps souffre. Il essayait de reproduire le mouvement, l’action pour qu’elle dise encore quelque chose.
Souvent le street-art fait ça : montrer une action, collée sur un mur et pourtant qui bouge.
À cause de la force de ce qui est montré, fort souvent parce que ça ne devrait pas être là, alors toujours c’est puissant : l’image ou la phrase nous regarde, nous demande quelque chose.
Ça nous réclame de réagir. »