La philo-sophie, ce matin, va aborder ce sujet délicat qu’est la frange qu’on a demandée du bout des lèvres et que l’on regrette amèrement ensuite. Troisième jour, un coup d’œil à la glace : c’est encore pire. Les épis, après le sommeil, reprennent leur place d’avant le brushing. Et cette frange + les épis, ben, oui, c’est encore pire.
Le narcisse qui est en moi se révolte. Il se lamente et me torture. D’abord, il m’interdit toute relation prolongée au miroir. Et il a raison. De temps en temps, je tente une œillade. Et immédiatement, je regrette. Allez, fini le temps du reflet que l’on contemple, finies les mines et les manières, hop, on passe à la phase Beauté intérieure, beauté qui ne nécessite aucune vérification dans les glaces, beauté qui se satisfait seulement d’un peu de bonheur à être bien avec soi-même et les autres autour.
Ensuite, mon Narcisse personnel m’a dit :« les cheveux ça repousse ».
Je lui ai répondu Oui, oui, je sais, j’ai fait le calcul, 1cm par mois, au mois d’août ça devrait aller. (de toute façon, au mois d’août, ça ira, ce sera l’été, les vacances)
Et puis mon Narcisse vexé a ajouté : « ça te rappelle pas quelque chose, cette histoire de frange ? Tu trouves pas que t’as la tête de quand t’étais petite mais en vieille ? »
– Oh, fais pas chier, Narcisse !
Je m’excuse pour cette réplique grossière, mais là, il m’a énervée vraiment. J’avais bien constaté toute seule que tout ça me renvoyait à d’autres temps, d’autres traumatismes, pas besoin d’un égocentrique nombriliste pour me le rappeler.
Exaspérant Narcisse qui depuis que j’ai l’âge de l’image de moi-même me harcèle.
C’est lui qui murmure les phrases assassines (t’es pas assez ceci, t’es pas assez cela, si tu faisais 5 cm de plus, si tu faisais 3 kg de moins…) et puis arrivée à l’âge où on se connaît mieux, il change de discours, pervers : avant, ça c’était ferme. T’as vu la ride ? Ce kilo-là tu vas le garder pour toujours, et oui, c’est comme ça ma vieille, tu peux pas lutter…
J’avais réussi à m’arranger un peu avec ce Narcisse tordu et exigeant. Disons que je lui fermais son clapet plus facilement qu’avant.
Mais là, profitant de cette fragilité nouvelle, il tente de reprendre toute sa place de dictateur. Il était donc nécessaire de lui rappeler qui est le chef, d’où le Fais pas chier…
Bon, conclusion ? La frange, ça me va pas trop.
Je vais donc appréhender la chose comme une épreuve, quelque chose à dépasser, à transcender, à sublimer.
Si j’y arrive, je vous donnerai la recette…