L’histoire enfermée

Le siège des archives nationales de Paris est occupé par ses salariés depuis le 16 septembre. Ils sont contre l’implantation de la Maison de l’histoire de France, projet voulu par le président (et par Guaino qui en parle ce matin sur France Inter).
S’ils craignent pour leurs emplois, ils estiment aussi que ce projet est « au mépris de la conservation et de la communication des sources de l’histoire ». Dans l’article des Inrocks, un historien dénonce ce « futur symbole d’une France étriquée, » et donne des exemples de thèmes abordés : Histoire du drapeau français, ou Les français et l’impôt.
À Guaino, fier du terme de Maison, au lieu de Musée car le Musée est un « objet figé » (les conservateurs de musées apprécieront), un autre historien rétorque malicieux que le mot maison s’utilise dans Maison d’enferment ou close.
C’est vrai, une Maison ne s’ouvre sur l’extérieur seulement si on en ouvre la porte.

Hervé Lemoine, son futur directeur, a pour objectif de « renforcer l’identité et répondre à un besoin de sens ». Guaino, en ce moment même à la radio, justifie ainsi ce projet : « la France est en pleine crise identitaire » et s’offusque qu’en France on ne puisse plus utiliser certains mots, comme celui d’identité…
Nés en france, regardés de travers, et sommés de s’intégrer dans un truc dont ils font déjà partie, je comprends que certains se sentent en pleine crise identitaire (voir le doc La tentation d’une émeute sur Arte), mais pas sûr qu’une Maison pareille leur donne le sens nécessaire pour aller mieux.

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J’ai presque terminé de lire Passé sous silence d’Alice Ferney.

Elle alterne les voix d’un Général Grandberger et de celui qui commettra l’attentat. C’est le moment de la guerre d’Algérie, du retour du général au pouvoir. Je ne connaissais pas bien cette partie de l’histoire.

L’écriture d’Alice Ferney est remarquable (je parle comme un jury de Master Chef maintenant), précise, limpide.
Il se trouve que c’est l’anniversaire de la mort du général de Gaulle. Il y a 40 ans. (La blague en famille était que née le 7 novembre 1970 le général s’était éteint 3 jours après ma naissance, rassuré pour la suite…) Et hier soir, curieuse du coup, j’ai regardé un documentaire sur le général, façon de nourrir ce que je suis en train de lire.
Dans le roman, il n’y a pas de parti pris, elle s’intéresse comme le font les romanciers au chemin d’un homme, à ce qui fait qu’on arrive à ça, à ce qu’il y a de complexe dans une tête, comment le sens et l’identité sont des choses fragiles et intimes. Des trucs difficiles à montrer dans une maison-musée…

PS : Depuis, le projet de la Maison de l’histoire a été arrêté.