Un iphone, ça permet d’être connecté partout. Si t’es connecté partout, tu n’es jamais seul.
Même quand tu n’as pas de mail à envoyer, ni rien du tout, tu surfes… Et si tu surfes (on ne dit plus surfer d’ailleurs, on va sur internet et on est sur Internet, on va sur FB et désormais on est sur FB, on est passé de l’action glissade – exaltante – à Être – figé ? -), donc si tu surfes, tu n’es pas seul non plus. Tu fais des choses, tu t’en fous si la personne que tu attends a du retard, le temps passe vite désormais, la solitude ne t’atteint plus.
Victoire absolument unique dans l’histoire de l’homme, le dépassement de la condition humaine, cette condition lourde et absurde qui engendra des trucs démentiels du style : religions, Jean-Paul Sartre, TF1, et qui fit réfléchir des générations de philosophes.
« Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même et ne rencontrer pendant des heures personne, c’est à cela qu’il faut parvenir. Être seul, comme l’enfant est seul… » Rainer Maria Rilke ne pourrait plus écrire cette phrase.
« Ne rencontrer pendant des heures personne » : impossible.
Avec ton Iphone, tu rencontres le monde, disons que tu le scrutes, tu le likes ou pas, tu le partages, tu le parcours, tu l’observes à travers ton écran. Écran que tu trimballes dans ta poche, écran que tu poses sur la table face à l’iphone de l’autre, genre tu poses ton flingue cow-boy.
Avec l’iphone, tu découvres aussi le monde merveilleux des Applications : par exemple, tu prends ton visage en photo et ça te transforme en très très gros, carrément obèse. C’est une application qui fait rire. C’est très utile.
Donc des penseurs avaient réfléchi à cette question de la solitude, qu’il fallait lui trouver un sens.
Certains en avaient fait le postulat d’une situation insupportable qu’il fallait bien admettre ; d’autres en avaient fait le but ultime, l’état à apprivoiser pour s’accepter homme et seul.
Dieu s’est lui même positionné par rapport à ça (en sauveur of course) : y’a toi qui est tout seul et Lui, du coup entre vous ça crée une sorte de lien merveilleux, et ainsi touché par la grâce tu n’es plus jamais seul.
Et puis voilà l’iphone.
Tu es dans le clan ou pas.
Tu exploses ton budget « polycommunications » et après, tu dis des phrases du genre « C’est cher les livres ».
Forcément, à fréquenter ceux qui en ont, tu t’es dis « Je serai peut-être plus heureuse si moi aussi j’en avais un ? »
C’est le principe de la consommation qui se met en place : le désir est créé et inventé de toutes pièces (surtout les tiennes et de monnaie).
Si tu refuses, tu te coupes du monde, tu es dépassé, tu n’es pas un winner, et tu finiras seul dans une grotte… Grotte qui te renverra des ombres étranges, illusions de ce monde au dehors que tu ne connais pas…
(si un jour j’ai un iphone, svp, ne me ressortez pas ce texte de râleuse) (il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis) (je tente l’expérience de ma décroissance personnelle) (en sélectionnant) (question chaussures, je ne décroissance pas du tout)
(et il est évident que j’adore mes amis qui ont des iphone, autant que ceux qui n’en ont pas !)
Épilogue : 1 an plus tard, je ne peux plus me passer de mon iphone.

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