Il se trouve que mon frère vit dans un camion. Pas un camping-car, mais un camion orange avec une douche solaire, des bois flottés en déco et des cactus qui poussent sur le tableau de bord. Il a des grands cheveux et un cœur en or.

Il se trouve que la loi Loppsi 2 – loppsi comme le bruit que ferait un hula-hoop autour d’une taille bronzée, comme le bruit que ferait un grand-huit, comme le bruit que ferait un personnage de BD en glissant sur une peau de banane…
Loopsi 2, le retour, veut dire en vrai Loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure.

Je m’interroge ici sur la notion de Sécurité intérieure.
Ma sécurité à l’intérieur de moi, c’est vrai, c’est un truc important.
Ma sécurité intérieure tient à peu de choses, mais des choses essentielles. Avoir un toit et y avoir chaud (particulièrement en ce moment), pouvoir donner à manger à mon fils. Ensuite vient la possibilité de payer les factures diverses et variées qui me permettent donc d’avoir un toit, de la chaleur, et des repas variés. Et puis, comme j’arrive à peu près à assurer tout ça (mais ça n’a pas toujours été facile-facile et ça reste fragile), ma sécurité intérieure se dirige vers la notion de « se faire plaisir… » : acheter des livres, de la musique, du chocolat (parce que les repas variés, ça va un moment) et des cadeaux à Noël par exemple…

Dans cette loi donc, il y a un article (32 ter A) qui donne davantage de pouvoirs au préfet et autres forces de police pour évacuer (48h) et détruire tout logement de fortune, squats, habitats alternatifs, cabanes sur le bord de la route, matelas installés dans un bâtiment vide… etc… Mon frère, avec son camion, devient de fait entre ce mardi 14 décembre et mercredi 15 décembre 2010 (vote à l’assemblée = loi enterinée) une sorte de hors-la-loi, potentiellement illégal.

« Si ce n’est toi, c’est donc ton frère » disait l’autre loup au bord de la rivière…