Comment on fait pour extraire de soi le truc qui gêne et qui empêche d’avancer ?
On peut s’amputer, me direz-vous ?
Mais ce truc qui gêne est souvent très difficile à isoler du reste, il se mêle à tout un tas d’autres ramifications mystérieuses qui rendent l’opération délicate. Le truc qui gêne n’est hélas jamais une troisième jambe ou un grain de beauté. (ça, j’ai fait, enlevé le grain de beauté, c’est très simple et ça fait juste une petite balafre qui vous donne l’air viril)
Liste des trucs qui gênent et très compliqués à amputer :
– Ne pas savoir dire Non.
Drame de beaucoup d’entre nous, il y a des gens comme ça qui s’empêtrent dans des situations uniquement parce qu’ils ont le truc qui gêne qui s’active indépendamment d’eux. Et malgré tout le reste d’eux-mêmes qui crie à l’intérieur « Dis NON, mais dis NON ! » , ils murmurent un Oui qui va les emmerder pendant un bout de temps.
– Ne pas avoir de volonté.
Drame de beaucoup d’entre nous, l’absence de volonté est un truc qui gêne plutôt complexe. En effet, vous n’êtes pas totalement seuls avec ce truc-là, il y a la société exigeante qui veut de vous des choses parfaites ou idéales et c’est difficile de mobiliser sa volonté pour quelque chose qui n’est pas réellement Votre désir. Et puis il y a ce cerveau maléfique qui se retrouve addict d’un comportement et c’est avec lui qu’il faut lutter aussi.
Le combat contre la société toute entière + votre cerveau puissant, c’est donc pas un combat gagné d’avance…
(Pas étonnant qu’une simple volonté ne suffise pas à atteindre la victoire)
– Avoir peur de l’échec (et du regard des autres) (en général, ça va ensemble) (oui, je sais, c’est dégueulasse).
Drame de beaucoup etc, la peur d’échouer n’habite pourtant pas tout le monde, loin de là. Malheureusement pour ceux qui sont atteints de ce truc gênant en particulier, on ne peut pas échapper au spectacle des « sûrs d’eux » même s’ils sont tout pourris en vrai. La peur de rater (donc de ne pas être aimé) (donc d’être regardé comme un nul) (pire, de pas être regardé du tout) est un truc qui gêne très encombrant, peut-être le plus gênant d’entre tous. Ben oui, avec celui-là, on ne fait pas grand chose. Ne rien faire évitant intrinsèquement le ratage. Pourtant, c’est très légitime d’avoir les boules de rater, on ne devrait pas en faire un pataquès pareil, mais c’est effectivement très douloureux.
(Y’a qu’à essayer une fois pour se rendre compte à quel point c’est désagréable.)
– Autre grand truc qui gêne : l’impossibilité à devenir soi.
Il y a eu des époques reculées où ça n’était pas un truc gênant, être soi n’était pas du tout d’actualité, c’est arrivé récemment, ça s’appelle l’individualisme. Donc déjà, vu que c’est un concept récent, c’est normal qu’on manque de recul.
Il faut beaucoup d’années pour déterminer ce que c’est son Soi, et après (et en général quand on arrive à savoir, on est vieux et très fatigué) il faut en plus mettre en branle le Être soi. Là, ça demande de la volonté, savoir dire Non, et ne pas avoir peur de l’échec et du regard des autres…
Donc, alors qu’en plus on est âgé et épuisé, il faudrait s’être amputé de tous ces trucs gênants.
(Vous imaginez le chantier ?)
Ai-je des solutions, allez-vous me dire ? (je vous entends d’ici : » facile, elle nous raconte nos problèmes, alors qu’on les connaît par cœur en plus, mais comment on s’en sort… »)
La première (et la seule, oui, j’avoue), c’est de faire comme vous pouvez MAIS (je ne vous abandonnerai pas ainsi quand même) de vous rassurer en sachant que nous sommes nombreux à tenter des amputations variées et pas toujours avec succès… Autre piste : essayer une fois de dire Non, d’avoir une mini-volonté (pour ça, il faut un mini-objectif), et de faire malgré la peur de l’échec. Voir ensuite ce que ça donne…
Souvent on est surpris.