J’ai vu cette nuit (petite insomnie concernant l’avenir) (c’est réglo, une petite insomnie pour l’Avenir) (je préfère ça à une grande insomnie pour Demain) donc je regardais d’un oeil les infos qui déroulent sur I-télé (4h du matin) et entre DSK-Banon/Le tour de france/la vague de chaleur aux USA/le sauvetage de la Grèce/les suicidés de l’Office National des Forêts, j’ai lu la mort de Lucian Freud.
J’avais vu son expo au Centre Pompidou en mars l’année dernière. J’avais écrit un billet dans mon précédent blog, où curieusement j’avais écrit que je l’avais vu en vrai… Je voulais dire que j’avais vu ces tableaux en vrai.
Sa façon de peindre le corps, qui pend, qui bleuit, qui vieillit, correspond parfaitement à l’image que j’avais à ce moment-là du corps de mon père. À ce que j’étais en train d’apprendre – la leçon ultime – sur l’animal seul qu’on est quand la mort approche, quand on ne contrôle plus du tout sa carcasse obsédante (obsédante car il y a des étapes de la vie où la seule chose qu’on pense, c’est le corps, ce qu’il fait encore, ce qu’il ne fait plus, ce qu’il autorise, comme il fait mal).
Lucian Freud a cette façon de le regarder, sans crainte, bien au contraire comme un hommage.
Les corps devant nous, majestueux, et ainsi, forcés à regarder, nous regardons.
Dans la vie, nous tournons de l’œil, pudeur et peur à la fois.
J’ai choisi ce tableau-là : j’avais découvert pendant l’expo que parfois il ajoutait ainsi un morceau pour finir son tableau, pour avoir la place, donnant alors une forme géométrique inclassable. J’y avais vu une forme de malice… (ce que ça n’est peut-être pas du tout).
Et puis, il y a cette photo de lui dans son atelier, presqu’écartelé, entre peintures et pinceaux. Sur le mur, on aperçoit les couches de peinture, les taches plutôt, il essuyait son pinceau là.
Ce n’est pas un hommage, je n’ai pas de tristesse.
Je ne savais même pas s’il était mort ou vivant…
Mais c’est une œuvre associée à ces leçons essentielles et douloureuses, à l’importance du regard de l’artiste sur la vie, et à un moment « parisien » particulier.
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