Réflexions de colloque (classe, le titre !) Épisode 1

J’avais décidé d’aller voir à quoi ressemblait un Colloque sur le numérique et l’information.
Organisé par Aqui, le décor était le Rocher de Palmer, à Cenon (rive droite de Bordeaux). J’ai pris des notes sur mon vieux cahier au fur et à mesure que les intervenants parlaient, le sujet est passionnant, les questions nombreuses. C’est donc le journalisme qui était ici interrogé, le journalisme à l’heure de nos pratiques numériques, de nos usages, et donc Quel avenir ? (ceci s’appelle un Chapeau) (c’est une sorte d’intro-résumé) (et mon chapeau à moi ne vaut pas celui de Roland Cayrol qui fit celui du colloque)

  • D’abord, je ne suis pas moi-même journaliste (même si la tendance serait à un Nous sommes tous des journalistes, comme un jour nous fûmes tous des berlinois, etc…) (tendance qui horripile les journalistes et on les comprend) (les photographes aussi sont malheureux que nous devenions tous des petits piètres photographes amateurs) donc je ne suis pas journaliste, car premièrement je n’ai pas de carte de presse (c’est quand même la base) et ensuite parce que mes écrits sont emprunts de mes humeurs : avec le « bloggueur » tout expert soit-il, il y a l’omniprésence du « je », la présence de son corps et de son esprit emmêlés aux mots, bref le billet d’humeur n’est pas un article. Le journalisme souffrirait donc de ce mélange des genres, le participatif à tout va aurait ces limites. (D’ailleurs, sur ce sujet, un intervenant expliquait plus tard que si le journalisme était secoué en ce moment à ce point-là, c’est aussi parce qu’il s’était beaucoup endormi sur ses certitudes et qu’une certaine hauteur l’avait éloigné de sa mission. D’où la place à prendre…)Donc les temps changent, « c’est « enthousiasmant » dira l’un d’eux, mais il y a dans ce phénomène très « démocratique » du bon et du mauvais.
  • J’ai appris un mot : le bimédia (ou bi-média ?). Il est aujourd’hui communément admis que face au numérique un média se doit d’être Bi. T’es à la fois Radio et Internet, à la fois Presse écrite et Internet, etc… De la même façon que certains défendent la posture de l’Intertextualité (un truc où on est plusieurs à écrire), on voit bien comme il est difficile au XXIème siècle d’être unifié tant dans ses pratiques que dans son identité. Le lonesome cowboy avec pour seul arme son colt à la ceinture est en voie de disparition, place au super héros bi et partouzeur qui dégaine un coup le lasso, un coup le pistolet laser, un coup la toile… Bon, je plaisante ici, ce ne sont que des jeux de mots.
    Le concept du Bi-média, c’est d’abord pour la presse en général la nécessité de s’adapter à nos façons multiples de nous informer.
  • Il y a un problème : la vitesse. (que l’on opposa à précipitation, selon l’adage connu). Le journaliste n’a plus le temps. La course au scoop, notre soif d’infos en continu, l’argent qui soutient le temps passé à chercher (à vérifier-à analyser), ce sont des réalités qui modifient la façon d’informer et peut-être le contenu même de l’information. Et, souvent, la qualité est associée au temps qu’on a pour faire les choses (vite=mauvais).
  • Dans la présentation de nos comportements d’internautes qui s’informent, il a été souligné quelques perspectives :
    Le « Schéma de communication » est mort (y’a des tas d’émetteurs et de récepteurs qui embrouillent notre bon vieux schéma : le « j’envoie un message à un destinataire par le biais d’un canal » devient… » j’envoie ou je reçois plusieurs messages à la fois par des canaux différents ». Là, par exemple, j’écris à vous que je ne connais pas d’ailleurs, en même temps je reçois des SMS et en même temps je réponds sur FB. Et encore, je ne suis pas une ado qui suit 24 conversations à la fois sur MSN tout en écoutant NRJ sur mon MP3, etc).
    Ensuite, il y a la Gamification (« gamification, ça vient de gamin ? » demandai-je ironiquement à mon voisin) qui veut dire que nous allons être de plus en plus sensibles au ludique, au tout, au partout.
    Et puis aussi, il a été question de cet « internaute effronté » qui comme un sale gosse en classe prend la parole tout le temps et revendique d’exister autant que les pros et les experts. Ce qui peut faire du Bruit, c’est-à-dire un truc qui parasite et qui n’a aucun intérêt, comme ça peut faire Grain de sable car l’effronté pose aussi souvent la question qui gêne.

    Autre possible en vue : « La mutation du texte vers l’image prédominante ». Là, j’imagine un texte mutant, zombie rescapé des images qui viendrait me mordre le cerveau la nuit pour se repaître de mes souvenirs de lectures… (sur mon cahier, j’ai noté : Un texte mutant ! Ça fait peur !) (je suis une mauvaise participante de séminaire). Mais plus sérieusement, oui, la disparition du texte devrait nous inquiéter…
    Cette présentation (d’Antoine Chotard et que je raccourcis en toute effronterie) était bien menée, l’exercice de parole maitrisé, et surtout adjoint d’un conseil de lecture (ce que j’apprécie toujours…) : La journée d’un journaliste américain en 2889, nouvelle écrite par Jules Verne (ou peut-être son fils lis-je sur Wikipédia) en 1889. Ici, vous pouvez la télécharger ou écouter un extrait.

Ceci était donc la première partie de mon compte-rendu (vous trouverez l’officiel ici, bien plus complet).
Dans le prochain épisode, on parlera : du « devoir d’innover », des « maintes fois », des « fondamentaux », de la différence entre fiction et journalisme, et d’un petit four en forme de baba au rhum avec un peu de chantilly rose dessus…