Rappel de l’Épisode 1 : Installée dans le public du Colloque sur le Numérique et L’Information organisé le 23 septembre dernier à Cenon, je prends des notes dans mon vieux carnet. La première partie de mon compte-rendu évoque en vrac : la vitesse, la gamification, l’internaute effronté, le bi-média, l’obsolescence du schéma de communication…
Épisode 2 : (la suite de mes réactions-commentaires au sujet du Colloque)
- Il s’agit de « revenir aux Fondamentaux » (cette phrase rythme les interventions). Avec le temps, l’habitude, la mécanique humaine, la société en
pannemarche, on oublierait donc l’essentiel (qui sont dans le cas du journalisme : l’honnêteté, l’intégrité, le professionnalisme, la vérification des sources, etc…).
C’est intéressant ce rappel des fondamentaux, parce que d’abord c’est toujours intéressant de rappeler la base (= ces choses qu’on ne devrait pas perdre de vue dans nos vies, un certain rapport à ce qu’on est, un peu moins de corruption intime) et puis, parce que dans ces temps où tout nous parasite, nous éparpille, le fondamental devrait être le phare dans la pénombre.
Je m’égare… (j’adore ça)
Les gens de presse s’accordent donc sur ce mouvement salutaire (que certains maîtrisent depuis le début de leur carrière) que le journalisme devrait suivre (ou retrouver pour les autres) : les fondamentaux.
Un peu comme pour la politique… Bref. Voilà le challenge pour un avenir plus rose. - Lors du séminaire, nous avions face à nous des journalistes convaincus, et nous étions je pense, entre gens convaincus. Il s’agit d’éthique, et l’on aimerait que sur ce genre d’idées la propagation virale fasse son effet… Espérons que les étudiants présents soient contaminés et sachent résister aux diverses sirènes qui tenteront de les attirer.
- J’ai aimé aussi cette conclusion « poétique » : « Il était maintes fois » au lieu du très daté « Il était une fois ». Par nos vies numériques, chacun devient un univers, le global est la norme, l’histoire sans cesse se reformule, multiplie les entrées, recommençant même à l’infini.
Remarque : Le prince charmant, cet être unique spécialement conçu pour nous, peut donc aller se rhabiller (pour ceux et celles qui y croyaient encore) (sinon je leur recommande cet essai savoureux, au titre extraordinaire : Cendrillon est un couillon de Catherine Lemaire). Désormais il y aura maintes fois de nous-mêmes, donc maintes fois de princes… ;-) - Sabine Torres, de Dijonscope, dira qu’en tant que journaliste : « Quand on vous lit, on vous croit » (d’où un certain sens-niveau de responsabilité). Mon cerveau de littéraire lorgne immédiatement vers la fiction, cette invention à laquelle le lecteur par le biais d’un très honnête pacte de lecture croit… Mais en journalisme, le pacte est autre, il a avoir avec la Réalité (quand la fiction elle s’intéresse à la vérité, me semble-t-il)
- Remarque de merdeuse* : dans un colloque sur le numérique, on a le droit de se servir de son téléphone, même quand on est sur la scène… et oui !
- Le « devoir d’innover » : j’entends ça comme un mantra, se dire qu’il n’y a pas d’autre choix que d’inventer, faire la complexe figure d’un retour aux fondamentaux assorti d’une prise de risque créative, prendre le risque du progrès sans oublier l’essentiel. (Un précepte pour nos existences aussi ? Une philosophie pour soi ?)
- Dernier point qui a stimulé ma petite tête de piaf : le « longform journalism » que j’ai associé à l’exercice de la chronique ou de la nouvelle. Je pense immédiatement à celles de Jean-Paul Dubois quand il écrivait L’Amérique m’inquiète.
« Je n’aime guère parler et pas davantage poser des questions. Je préfère me faire oublier, me fondre dans le décor, regarder la forme des choses et le contour des gens, les observer, les écouter tandis qu’ils racontent le bruit de leur vie. Ensuite, il ne reste plus qu’à mettre tout ça en ordre en essayant de rendre l’éclairage des visages et le son de chaque voix. (…) »
Ce compte-rendu, particulièrement subjectif, ne rend pas compte de la qualité des interventions et de leur implication réelle dans un métier qui a des airs de mission (et de sauvetage ?) de la démocratie, ce qui force mon admiration.
En conclusion : il faut faire avec la masse d’informations, la vitesse avec laquelle ça circule, le flux, le flot, le flou, le faux, et le journalisme comme un phare dans la nuit qu’il ne faudra pas lâcher des yeux.
Conclusion ultime : Au buffet du midi, il y avait (outre les personnes intéressantes croisées) un plateau de desserts délicieux, particulièrement une sorte de bouchée minuscule surmontée d’un nuage rose de crème au beurre, j’ai adoré !
Après je suis partie, j’avoue : il y avait dehors un grand soleil, je me sentais nourrie (à tous les niveaux) suffisament déjà pour continuer de noircir mon vieux carnet en profitant d’un bel après-midi de septembre. J’avais prévenue que j’étais cancre dans une vie précédente…
Les temps forts présentés par Aqui sont là.
Merci à Isabelle Camus, le Blog de la rive droite, et Aqui (et les autres) d’avoir fait le lien vers mon « expérience du désordre » !