Et la « Lumière » fut « sur les métiers »

Jusqu'au 28 octobre (Bordeaux)

C’est une exposition qui se déroule au Conseil Général de la Gironde (à Bordeaux) et qui parle du conseil général lui-même. Ici, on ne déroule pas le tapis rouge (ou jaune…) à l’Artiste, même si le photographe a de quoi rougir un peu des joues, on ne parle même pas d’Art, et pourtant…
On sait vaguement-grosso modo à quoi ça sert un conseil général, mais on entend surtout dire ces temps-ci que ça pourrait disparaître, du coup on se demande si ça sert vraiment à quelque chose, bref c’est touffu, c’est confus… (Sauf si vous avez voté pour les cantonales – les élections des conseillers généraux – ou si vous êtes très âgé ou handicapé, déjà vous connaissez mieux)
En fait, c’est une des ces institutions publiques qui a (ou devrait avoir) du sens pour nous, car elle se préoccupe particulièrement des choses qui tendent à s’abîmer : le social, l’éducation, la culture et l’environnement. Dans cette fourmilière d’un CG, il y a des femmes et des hommes qui incarnent des métiers : 125 exactement. Catherine L-M, sous la direction artistique de Roberto Giostra, a donc photographié les humaines personnes qui officient… pour nous. Ben oui, c’est quand même ça, la fonction publique !

Au lieu de toujours critiquer la machine (le système), ici il s’agit – non pas de le magnifier bêtement et naïvement – mais de le mettre en scène pour que se distingue une image de qui est le rouage et ce qu’il fait.

Vous serez surpris de la diversité des métiers : Technicien de contrôle des stations d’épuration, le surveillant portuaire, un conducteur de travaux qui travaille dans les carrières, le conseiller en hygiène alimentaire, le métrologue ou le préleveur d’eau, Conseiller en prévention des risques professionnels, les métiers du médical ou du social, des archivistes et même un archéologue qui s’occupent de conserver notre patrimoine, des métiers techniques du conseiller à l’ingénieur, etc…

Cyrille Thomaidis, Conducteur de travaux : "Faire carrière dans les carrières. Faut pas que ça s’effondre…"

S’il s’agissait simplement de photographies basiques accrochées à des cimaises métalliques façon salle des fêtes, je n’aurais pas parlé de cette exposition. Certains y verront peut-être un simple objet d’auto-promotion, et ils auront raison sur un point : il s’agit d’éclairer notre lanterne sur ces métiers qui constituent le grand tout ; mais par contre ce n’est pas une « simple » expo : il y a dans ce travail présenté une véritable initiative créative.

Chaque portrait raconte une histoire – un métier c’est aussi cela, un récit qui s’écrit dans une relation entre un individu et ses réalisations quotidiennes (on appelle cela aujourd’hui des compétences, on eut dit des savoir-faire, même il fut une époque où il s’agissait de gestes…). La photographe s’amuse, le sujet photographié aussi. Le symbole est parfois évident, d’autres fois il est plus fouillé ou décalé, la mise en scène a de l’allure et s’adapte à chaque univers. La scénographie de l’exposition (réalisée par Bureau baroque) s’organise en cercles à travers lesquels on circule, les portraits sont présentés recto-verso avec de temps en temps un miroir qui vous réfléchit…
(On aurait eu juste envie que les légendes soient plus larges, donnant aussi la place aux mots posés par les acteurs eux-mêmes)

Pour un tel projet, il ne fallait pas faire n’importe quoi… C’est réussi, car c’est respecter ces travailleurs que de leur offrir une véritable exposition qui tire vers le haut à la fois la notion de métier et celle du service public. Il n’y a pas de prétention dans ce travail photographique, l’amour des gens par contre se voit.
Et à l’heure où l’art se prend pour une œuvre sociale, voilà une exposition qui, elle, remplit parfaitement sa mission humblement et avec pertinence.

Ici, vous verrez l’expo en 360