En fait, les gens ça va… Si je me réfère aux ambiances nocturnes-festives auxquelles j’ai assisté (j’entends très bien depuis ma chambre) ces dernières nuits, ça chantait, ça riait, jeunesse qui célèbre les vacances, et bien je me suis dit ça un soir de cette semaine (peut-être mardi, parce que mardi c’était particulièrement du délire dans les rues) : « Finalement, les gens, ça va. » Et je ne savais pas s’il fallait se réjouir ou s’en inquiéter.
« 2012 sera théâtre ! » il a dit en levant son verre. J’adore cette petite folie de mes amis, les rires au milieu des angoisses, comment ils font pour sauver les apparences quelquefois, cette élégance de la joie de vivre alors que c’est pas toujours la fête…
Le week-end de Noël approche : deux camps se profilent et s’organisent.
Ceux qui ont « la magie de Noël » chevillée au corps, coûte que coûte, avec les familles unies, les enfants qui ne tiennent plus en place, faut que ça brille…
Et puis les autres, pour qui Noël est une absence : absence de gens aimés, absence de simplicité, absence de réussite.
Il y a ceux qui aiment faire des cadeaux, même trop ; ceux qui ne savent pas comment les recevoir et qui appréhendent ce tour de sapin où ils devront ouvrir leurs paquets sous les yeux des autres et comment on dit merci… ; il y a ceux qui vont se souvenir dans leur coin de noëls moins tristes, moins faux, moins seuls ; ceux qui voient ce jour-là tout ce qu’ils évitent de regarder le reste du temps (revenir dans sa famille un jour par an peut être un vrai cauchemar pour certains) ; ceux qui ont dit « Non, cette année je viens pas » et qui grandissent d’un seul coup avec ce Non là (mais ça fait mal un peu…)
Avec Noël, on peut se retrouver propulser (et participer à) l’illusion d’une famille, chacun dans son rôle donnant à voir ce que les autres attendent.
Et puis il y a les familles décomposées-recomposées-mélangées : ça engendre plusieurs Noëls en 4 jours, avec une magie qu’il faut étaler, on joue chaque matin à « on dirait que ça serait Noël ».
Pourquoi ça fait des trucs de ce genre ? Parce que c’est « symbolique ». Ça représente quelque chose qui n’existe pas forcément, la trève c’est bien cette pause pendant laquelle on fait semblant que la guerre est finie.
Un peu comme les jeunes dans la rue la nuit qui chantent à tue-tête, on joue à perdre la tête, à rire, et à shooter dans les poubelles.
Le Noël qui m’a marqué, c’est celui où on avait dansé comme des diables sur la musique des Clowns de Fellini.
Après, je crois que je suis devenue fantôme du 24 au 25 décembre. Mais ça n’a pas d’importance, je travaille à me défaire des symboles que je ne me suis pas choisi moi-même.
« 2012 sera théâtre ! », il a dit en levant son verre et j’ai adoré cette phrase…