Des vœux… C’est la saison, et on en a à la pelle. J’étais partie pour ça, pour écrire des voeux à vous envoyer en janvier. Et pourquoi je suis allée lire d’abord la définition, je n’en sais rien.
Malgré mon (grand) passé de latiniste, bêtement, à cause de la sonorité, j’étais persuadée que le voeu venait de Vouloir, désirer quelque chose… je n’imaginais pas autre chose.
Mais voilà que j’apprends que ça vient du mot latin Votum, qui signifie promesse.
Faire un vœu, c’est donc d’abord s’engager soi-même à.
(Ce « votum » à la veille d’une année 2012 m’a laissée pensive, je dois dire) (nous n’échapperons pas à la politique, nous allons faire vœu – votum tous ensemble – de changer 2 ou 3 choses)
Donc je lis cette définition qui commence fort et j’apprends qu’en 1 le vœu se fait entre dieu et toi (pas moi, je suis pas baptisée et je n’y crois pas). En faisant un voeu, tu t’engages à « quelque œuvre que tu lui crois agréable » dixit le wiktionnaire (c’est nul ce mot « wiktionnaire »).
J’aime bien le « que tu lui crois agréable », genre c’est pas sûr, et par exemple tu fais vœu de chasteté pour lui être agréable (déjà, c’est tordu comme truc d’imaginer que dieu pourrait prendre son pied à ce que toi tu ne le prennes jamais, mais bon) et en vrai il s’en fout. Mais je suis une mécréante !
En 2 (alors, là, attention, ça fait très mal) : « Promesse qu’on s’est faite à soi-même, résolution ferme qu’on a prise de faire ou de ne pas faire une chose. »
Résolution ferme… Promesse faite à soi-même… Là, je me dis, fais gaffe à tes vœux. Passer un contrat avec soi-même, y’a rien de pire après quand tu te regardes dans la glace et que t’as pas tenu tes engagements. S’engager avec les autres, encore, bon, on peut toujours biaiser, raconter des histoires, trouver des excuses, entre nous on va être indulgents. Mais entre soi et soi, c’est plus difficile de mentir…
À ce stade-là, je réalise que la question des vœux est beaucoup plus sérieuse que ce que je pensais.
Entre ce Votum qui sonne comme un glas et ce contrat moral passé avec moi-même, on est loin du « Pour 2012, je désire faire ça ou ci ou truc… »
Et si je vous donne l’exemple proposé par le wiktionnaire (yeah), vous allez mesurer l’enjeu d’un vœu : « J’ai fait vœu de vous être attaché pour la vie. » Rien que ça…
Je croyais que le 3 me sauverait. Mais non, paf : ex-voto.
Ça c’est pour te rappeler à toi-même de façon très officielle qu’à un moment donné tu as fait une promesse en échange de quelque chose (c’est toujours dieu qui gère ici) (y’a écrit en remerciement d’une faveur divine obtenue) Là, on nage en pleine flagellation, tu dois dire aux autres (puisque tu l’écris dans une église) que tu t’es engagé À en échange DE.
Bon, je passe au 4.
Enfin. Soupir de soulagement. Voeu = « Souhait, désir ».
Et en 5 aussi sec : « (Au pluriel) Usage d’envoyer une carte, ou de présenter des souhaits de bonheur et de prospérité, au moment de noël ou du nouvel an. » Ah, un peu de légèreté dans ce monde affreux du vœu !
Donc, le 1er janvier je vous présenterai mes souhaits (et surtout pas mes vœux) (sinon vous allez pénétrer mon âme et toutes mes résolutions fermes que je me suis faite à moi-même et que je ne tiendrais sûrement pas, donc la honte sera sur moi en 2012, et je devrais aller accrocher des pancartes à l’église pour me rappeler deux ou trois trucs que je m’étais engagée à faire, et tout le monde le saura et ce sera encore pire).
Alors, cette année (maintenant qu’on sait tout sur les vœux)(et franchement, ça rend l’étoile filante moins sympathique) souhaitons-nous des souhaits bien futiles, que si ça n’arrive pas c’est pas grave, comme ça on pourra se concentrer sur les choses sérieuses du genre… Votum.
Programme des festivités à venir :
Chronique du Bulot > Épisode 4 : Comment le bulot se débrouille avec les résolutions ?
2012, astrologie faite maison > Comme chaque année, je fais ma voyante et je vous dis tout ce que vous réserve l’année d’après les prévisions zodiaque, numérologie, etc…
Pour occuper vos vacances, vous pouvez lire ou relire par exemple :
La saga du bulot : prologue, le pilote 1, épisode 2, épisode 3,
De la mélancolie : réminiscence ; La poussière de mon père ; Confidences chuchotées; Les arbres du piétinement
De l’économie/Politique : La vertu, dans ton… ; Prêt à jeter (ou comment devenir fou) ; En fait, on sait les choses ; Au sujet de la crise, des moines, des chinois, des écarts, et de Cannes (tout ça à la fois)
Du numérique : Virtuelle pour l’éternité ;
De la culture : “J’crois qu’il faut qu’on s’tire d’ici”; Souvenir de Freud ; Merci Marie D. ;