Semaine en Brantômine (1)

  • Dimanche Histoire&Patrimoine.

Je découvre un Pont courbé, une Abbaye coincée entre l’eau et la falaise, un buste de Brantôme (1558-1614), une plaque en dessous. Citation de l’abbé et chroniqueur des Dames galantes « gna gna gna trucs en ancien français… » et ça à la fin que j’aime bien : « Tu faisais librement jaser tes souvenirs »

  • Lundi, autre genre de citation, un classique, la phrase entendue au café :

« Y’a une messe à la mémoire de Louis XIII, ça t’intéresse d’y aller ? »
Elle dit Louis XIII comme si c’était un mec mort y’a 4 ans , un type qu’on connaissait bien…

J’ai visité le cimetière, la partie ancienne. Beaucoup de tombes cassées, on dirait le cimetière de Jeux interdits, je pense à la scène dans laquelle le petit garçon, Michel, jette tout ce qu’ils ont volé avant qu’on ne les attrape, quand il est enragé et qu’il met tout à l’eau.

  •  Mardi, je marche dans la rue piétonne n°1.

La devanture de la boucherie ressemble à un décor de boucherie. À l’intérieur, c’est démoniaque.

Entre 9h et 10h, j’ai écouté Yasmina Reza à la radio parler de son nouveau livre. Elle a écrit sur cette chose qui m’intéresse aussi à écrire en ce moment : par exemple, cette phrase qu’on peut dire parfois « Je l’aurais jamais imaginée avec un mec comme ça ou une femme comme ça ». Qu’imagine-t-on ? Et que ne sait-on pas ?

Et je marche dans la campagne. Chemin n°2. Vert & bleu.

  • Mercredi, la neige m’a déconcentrée toute la matinée. Mais il m’en faut peu.

J’ai jeté sous un buisson un morceau de galette des rois. Je regarde l’oiseau qui le picore.
Mon frère trouve que mon rapport à la campagne a changé.
J’ai regardé cet oiseau en pensant que c’était un corbeau.
Le lendemain, j’ai vu le même au même endroit : « c’est un merle,  j’suis con ! »

C’était donc vrai, en vieillissant on apprend à aimer les choses qu’on dit essentielles ou simples ou de la nature. Souvent on considère que ces 3 mots sont des synonymes. Ce qui ne doit pas être exact.
Je crois surtout que la nature, c’est moins fatigant. Et rassurant.

Oui, voilà, regarder depuis une maison douillette un oiseau en train de picorer, avec la neige autour, c’est rassurant, ça raconte ce qui ne bouge pas. Contrairement à soi. Ça au moins c’est exactement comme quand j’étais petite, comme quand ma grand-mère était petite, ça sera pareil – on veut le croire – après soi.

Le libraire n’a pas reçu Libé ce matin, je voulais y lire des choses sur Pontalis qui est mort.
Dans sa vitrine il y a le livre Heureux les heureux. Je l’achète.

Je commence à aimer le tic-tac de l’horloge.

  • Jeudi, ce matin j’ai décidé de rester au lit longtemps

Pas pour dormir, mais pour écrire. Je me lève pour aller faire des cafés, je reviens vite sous les couvertures, dehors c’est blanc encore et il fait -3.
Finalement, je sors acheter Libé. C’est jour de supplément. Dedans, je constate que je ne suis pas la seule à avoir acheté le livre de Yasmina Reza, elle est en tête des ventes.
Tout va décidément très vite.

Heureuse aussi, car j’ai à nouveau de grandes et belles envies de lire.

  • Vendredi, je crois que je ne sortirai pas du tout aujourd’hui.

J’écoute Shine On You Crazy Diamond, Pt. 1 de l’album Wish you were here des Pink Floyd en buvant du thé à la menthe. Baba cool.

De temps en temps je regarde le monde s’agiter dans la télé. La France est entrée en guerre alors que j’arrivais ici. Ça me rappelle la guerre du golf. Du coup au JT, là quand même, les histoires de neige passent après. Mais c’est limite.

Je regarde aussi le fil d’actus de Facebook. Je ne déconnecte pas complètement.
On y aperçoit quelque chose du quotidien des autres, on y entrevoit aussi la bataille pour obtenir l’attention, la solitude du post qui reste seul sans un like, et le succès fou de certains autres.
Drôle d’invention quand même.

  • Samedi, je vais braver la pluie glacée pour aller chercher un croissant, du pain, et m’asseoir dans le café/wifi pour installer ce texte dans le blog.

C’est là que je suis.
Il y a une table avec des jolies familles un peu bobo et leurs enfants affreux. Je ne comprends pas le plaisir qu’ils prennent à venir au resto, ils passent leur temps à leur crier dessus (« là tu me gonfles, tu comprends ce que ça veux dire ! ») (c’est la phrase que dit le père) (mais la phrase que moi aussi je pourrais dire) (aux parents).
J’écris en direct, en mangeant une assiette de frites.

(je pense que j’ai écrit là une de mes plus belles chutes ;-)

à suivre : les images.