Les personnes assises à proximité de moi – la terrasse est pleine à cause de ce soleil d’hiver – discutent fort, le ton monte. Table de gauche : des baraqués qui parlent garde à vue, contrôle fiscal et armes, grosses voix qui en imposent. Table de droite : un père et sa fille d’une trentaine d’années. Tout le monde gueule ou s’engueule.
Je sens la chaleur sur mes joues.
Commencent mal l’année ceux-là.
Les gangsters s’en vont.
Le père et la fille continuent la dispute. Elle lui reproche ses critiques, jamais rien de positif ou d’encourageant.
J’écris au soleil.
Et puis, après cette longue bataille, le père et la fille se taisent. Ils ne se séparent pas, malgré tout ce qu’ils viennent de se dire, « que contrairement à lui, elle, elle n’a jamais voulu rompre le lien », elle lui a dit ça.
Ils restent silencieux, côte à côte.
Ça dure. Devenant presque une rêverie pour chacun.
C’est qu’il faut s’aimer drôlement fort pour pouvoir les partager ces silences…
Texte 40 ≈ Sortir du vide ≈ journal vrai/faux de Sophie Poirier
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