UN ŒUF, UNE CABANE, DALIETC

Place de la Bourse, derrière la façade la plus célèbre de Bordeaux, se trouve le Musée national des douanes (MND). Unique en France, il fête ses trente ans d’existence et compte environ 20 000 visiteurs par an. Junkpage a pensé que vous ne saviez peut-être pas ce qu’on y trouve exactement…

Dépendant du ministère de l’Économie et des Finances, le musée occupe cet emplacement magnifique de manière parfaitement légitime puisqu’il se trouve dans les bâtiments de ce qui fut la Ferme générale, compagnie chargée dès 1738 de percevoir les taxes pour le roi. La halle de quarante mètres de long (on y stockait les marchandises en cours de dédouanement) a été restaurée pour la création du musée en 1984. Débarrassons-nous immédiatement de la connotation négative qui va parfois avec l’image du douanier, et intéressons-nous à cette collection étonnante. Il serait tentant d’en faire un inventaire à la Prévert et d’y piocher de quoi remplir un cabinet de curiosités façon André Breton.

Plusieurs parties structurent l’espace.
L’histoire des douanes est expliquée chronologiquement. Il s’agit d’une des plus anciennes administrations : près de 13 000 objets et documents témoignent de l’évolution professionnelle, de l’influence de la circulation des marchandises sur l’économie, des liens entre armée et douanes en période de conflits, etc.
Les moins sérieux passeront vite, mais ils s’amuseront des vitrines d’accessoires en tout genre : les couvre-chefs, les armes, les instruments de musique, les outils de travail pour sceller/ouvrir/mesurer/peser/analyser… Dans certaines zones, la vie du douanier, faite d’isolement, ressemblait à celle d’un aventurier !
La vitrine consacrée à la lutte contre le trafic de stupéfiants titre avec autodérision : « L’imagination des trafiquants contre l’ingéniosité des douaniers. » Celle qui évoque la lutte contre la contrefaçon présente quelques spécimens curieux, comme ce presque iPhone 4G ! Les douaniers sont aussi chargés de protéger les espèces menacées, d’empêcher les trafics d’œuvres et les vols de vestiges archéologiques… Une des saisies remarquables vous donnera l’occasion de voir un véritable œuf d’Aepyornis maximus : pas moins que le plus gros œuf du monde !

Mais ce qui vous surprendra sans doute davantage, c’est d’apprendre qu’il y a si près de vous un magnifique Monet, un étonnant Dali et un Ben, récent. Le MND possède une riche collection de tableaux, portraits, paysages de chemins côtiers et de sentiers douaniers… Ainsi La Cabane des douaniers – Effet d’après-midi, le poétique chef-d’œuvre de Claude Monet. L’exercice de la penthière (les douaniers devaient savoir représenter la zone à surveiller) intriguera tous les amateurs de cartographie. Celle qui est exposée à Bordeaux a la particularité d’être annotée d’un authentique dessin au feutre de Dali.
Monet, Dali donc, et l’évidente formulation, blanc sur noir, de Ben : Rien à déclarer.

Parmi les événements : une exposition temporaire dans le cadre des commémorations de 14-18, des concerts (quatre par an) en partenariat avec Le Rocher de Palmer, différents colloques… La progression du nombre de visiteurs tient sûrement à l’augmentation du tourisme à Bordeaux, mais sans doute aussi à un bouche-à-oreille qui serait mérité.

Beijing 798 Impression, art contemporain chinois, jusqu’au 23 novembre 2014
« 14-18. Douaniers dans la Grande Guerre », exposition labellisée Centenaire, jusqu’au 4 janvier 2015,

©AlbanGilbert Musée national des douanes France-

, 1, place de la Bourse, Bordeaux.


article écrit pour le magazine Junkpage