Cette nuit, j’étais en colère contre une personne précise.
Nous étions autour d’une table avec d’autres gens et j’ai réussi à lui dire tout ce que je pensais. Je gueulais drôlement bien.
D’habitude, dans les rêves, il y a une étrangeté qui se glisse. Là, non, tout était conforme, le texte déroulait, j’arrivais à tout dire, il essayait d’esquiver, j’arrivais à répondre, ça n’était pas parfait non plus, non, ça semblait plausible, je bafouillais un peu juste ce qu’il faut pour la vraisemblance : genre, j’ai fait un rêve qui avait l’air vrai.
C’est ça qui est bizarre.
Aussi, à mon docteur Freud, j’ai dit l’autre jour : « J’ai l’impression d’être un enfant, j’ai l’impression d’avoir quatre ans. »
Et là, j’ai pensé, trop tard, Oh bordel, la phrase à jamais dire à un psy ! Je viens d’en prendre pour deux ans de plus !
Il a souri. Et il a eu la délicatesse de ne pas me poser immédiatement la question au sujet de mes quatre ans. Cela dit, maintenant que mon analyse va durer deux ans de plus, il peut prendre son temps…
Dans le même style, je lui ai dit, droit dans les yeux : « Je me sens très claire en ce moment ! »
Et, réalisant à qui je parle, j’ai ajouté : « Oui, je sais, vous, vous allez avoir du mal à le croire… »
Texte 190 ≈ Sortir du vide ≈ journal vrai/faux de Sophie Poirier ≈ lire l’ensemble des textes de Sortir du Vide