L’été passe, et il ressemble à l’été quand c’est la fin.
Moi, j’ai de la chance, c’est là que je prends mes vacances, pile la semaine où c’est la canicule, et je suis si près de l’océan que j’entends son bruit depuis mon lit, et ça c’est un luxe dans une vie, en tout cas dans la mienne il y a celui-là, la semaine tout au bord des vagues.
Donc, en cette année 2016, l’été commençait le 22 août…
À écouter les infos, je constate que Nicolas Sarkozy a repris de la voix.
Depuis Nice, de toute façon, la division a commencé, le pays se coupe.
Et, lui, c’est quand même le roi de nous séparer les uns des autres. Il a l’air d’avoir bien bien travaillé, je crois qu’il a passé quelques années à réviser, il est au point, et son texte déroule, impeccable. Je l’ai entendu sur le burkini, c’est parfait, il fait très bien le récit qui monte les uns contre les autres au nom de la liberté des uns et – encore plus fort – des autres. Il a l’air de défendre : le droit des femmes tout en défendant les racines catholiques tout en défendant la laïcité tout en défendant la sécurité tout en remettant à sa place l’islam c’est-à-dire loin là-bas mais pas trop, « pas chez nous ».
Ça va être difficile de l’entendre à nouveau, beaucoup, tout le temps. Ça épuise d’avance.
C’était ce matin, aux infos, il y avait un extrait de lui qui a parlé sur TF1 à 20h, la grosse artillerie, le bateleur en campagne, c’est parti mon kiki j’ai pensé. Et j’ai eu envie de me rendormir, me rendormir longtemps.
Cette lassitude, notre piège.
Je me suis levée, faire du café.
La tasse à la main, dans le jardin, pieds nus sur les aiguilles de pin, il y a un écureuil qui passe de branche en branche, un rouge-gorge cherche des miettes sous la table.
J’écoute le bruit des vagues.
Se retirer du monde ?
Ça ne sera pas possible.
On ne va pas se défiler comme ça.
On va pas leur laisser les clés…

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