« La basilique vue de chez moi » : c’est le nom du projet auquel j’ai participé.
Le projet commence bien avant par le travail du photographe Aiman Saad Ellaoui avec les habitants de Saint-Denis (les dionysiens) « qui voient depuis chez eux la basilique ». Chacun est pris en photo chez lui, prend une photo de sa vue de la basilique, et répond à un questionnaire au sujet de la basilique.
Cela représente une quarantaine d’enregistrements de quelques minutes.
Le Centre des monuments nationaux a commandé à Olivier Crouzel la création d’une projection à partir de cette matière et de celle qu’il filmerait dans la basilique.
Olivier Crouzel m’a demandé d’intervenir pour mêler à son installation sur la façade de la basilique des phrases issues de tous les entretiens.
Selon le principe d’un cut-up (l’aléatoire en moins), j’ai sélectionné dans chaque entretien une ou plusieurs phrases afin de construire un texte global qui parle de la Basilique, et de cette vie autour. Il fallait que les phrases restent courtes pour des raisons de lecture. C’est comme composer un ensemble littéraire à partir des phrases des autres, une autre façon de faire l’écriture.
La projection a eu lieu vendredi 15 et samedi 16 décembre 2017, à Saint-Denis.
On peut voir ici toutes les photos prises par les habitants.
Le texte entier La basilique vue de chez moi
Sofiane : J’habite à côté d’une histoire, c’est quelque chose quand même.
Didier : Des millénaires de présence. Dans les gênes de la ville.
Ouahid : Plus personne n’y fait attention. C’est devenu un objet, un arbre.
Islamaya : Je connais juste le nom.
Christine : Son vécu. Tout ce que les gens ne savent pas, tout ce qui est caché…
Ouahid : Je peux te dire qu’on a le droit d’entrer.
Martine : On se donne rendez-vous devant. Ma petite-fille adore faire de la patinette sur le parvis.
Soraya : C’est un repère, la base, le cœur.
Jamila : L’artère, les battements de cœur
Soraya : J’ai pas envie de déranger.
Lydiane et Géraldine : Je ne l’ai visitée qu’une seule fois. J’ai profité qu’elle soit porte ouverte.
Malka : Dedans, ça donne un sentiment de petitesse.
Ionna : Je la vois plutôt comme un musée.
Malka : Immense.
Soraya : Est-ce que je suis bienvenue ?
Cigdem et Esra : Dans un monument, tout le monde a le droit d’entrer.
Elsa : Les vitraux, ça respire la lumière.
Soraya : Les sculptures à l’intérieur, c’est joli. Mais il y a des têtes, un peu flippantes.
William : Les taches de couleur, la lumière à travers.
Oumouri : Je suis entré mais je ne comprends rien. Il faudrait me traduire.
José : Qu’est-ce qu’il y a derrière cette porte ?
Mehdi : Les rois y ont été enterrés.
William : L’histoire appartient à tout le monde.
Katherine : Tous les rois de France reposent ici. On voit pas ça aux Etats-Unis.
Lydiane et Géraldine : Il y a des rois, des reines, des petits, des grands, y’a même des chiens.
C’est pas ordinaire d’avoir des rois. C’est un bon point pour nous.
Cécile : ça donne envie d’entrer.
Cigdem et Esra : Est-ce qu’ils étaient vraiment dans ces tombes ?
Sabine : J’ai envie de visiter la crypte
avec un guide. Pour apprendre.
Elsa : Je préfère aller faire du shopping,
ou au stade de France,
la joie, la bonne humeur.
Didier : La ville naît de cette légende.
Lubin : Il a marché en portant sa tête
et c’est à Saint-Denis qu’il est tombé,
paf.
Ryma : Je ne crois pas que ça soit une légende,
Saint-Denis suivi par les rois, j’y crois vraiment.
Thierry : Il y a toute une histoire derrière.
Samira et Alae : Comme un petit décor.
Pascal : On s’habitue.
Ismael : On la regarde au moins une fois.
José : Elle m’a vu vieillir.
Pierre : Elle restera bien après moi.
Maud et Louise : Je suis tombée amoureuse. J’aime bien les statues couchées.
Oualid : Je me rappelle des rois allongés.
Marie et Dalyne : Des gens viennent de loin pour visiter.
Sabine : Je ne suis pas croyante mais j’aime bien y venir.
Stopper le temps.
Dylan : À ceux qui sont tristes…
Allez là-bas, pour que votre stress parte.
Martine : Elle est belle, pourtant ce n’est pas ma maison.
Didier : Je suis venu quand j’étais petit, je ne suis jamais revenu.
Martine : Pourquoi on n’y entre pas ? Pourquoi se priver de la beauté des choses ?
Luca : J’y suis allé 32 fois.
Siriné : Le guideur nous a expliqué l’histoire.
Ryma : J’ai découvert les gisants.
Oualid : J’y emmènerai mes parents.
Meriem : C’est pas interdit aux autres.
Christine : On n’a plus que ça d’ancien.
Annick : Et toi ? T’as un métro ?
T’as une basilique royale ?
Mohammed : Je ressens la présence du bâtiment.
Jamila : C’est une terre sacrée. Je les respecte toutes.
UAEJ-PJJ : Les choses se construisent dans le temps. Des étapes successives.
Claude : Le fruit du travail des hommes, tous les ouvriers-artisans,
la ferveur pour réaliser un édifice pareil.
Sofiane : Rénovée, elle a l’air plus nouvelle.
Meriem : On voit beaucoup mieux tous les détails.
Lydiane et Géraldine : Ils ont mis une belle horloge.
Pierre : 1500 ans d’histoire sous les yeux.
Luna : Le brouillard l’a enlevée. Ça fait bizarre. On entend les cloches.
Luis et Elisabeth : Le seul témoin de l’origine de la ville.
Moi, je ne suis pas originaire d’ici mais j’y suis attaché.
Sofiane : C’est son jardin que j’aime le plus.
Pierre : Est-ce que vous êtes indifférent ?
Gidimaxa Jikké : Va à côté de la basilique, je vais te trouver là-bas…
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