les états d’âme frais du jour

C’est le dernier jour.
Le dernier jour, c’est un jour comme un autre, suivi d’un autre.
Les calendriers nous torturent.

J’ai pensé que cette année, j’avais encore vu les feux de paille mais toujours pas le soulèvement.
J’ai lu Désobéir et l’Éloge du risque : je cherche l’inspiration.
Je constate nos inerties. J’ai de plus en plus de mal à en dire quelque chose.
J’ai assisté à des craquements. C’est très douloureux à regarder. C’est difficile à accompagner.
J’ai sonné deux fois par semaine à la porte du psychanalyste. J’ai écouté Christine Angot parler à la radio de la liberté à l’œuvre sur les divans. J’ai sonné de plus belle chez le mien.

Mes élans d’écriture ont levé et dératé, parfois j’ai trouvé la réjouissance. Surtout dans cet endroit de Grèce, c’était exaltant. Et aussi quelques pages d’un texte pour bien plus tard. Parce que pour demain – 2018, c’est demain donc – j’ai un livre à finir, le livre avec les libraires. J’ai trouvé une chambre à écrire, je vais m’appliquer.

Pendant que je suis chez moi, j’entends les gens des brunchs qui rient aux éclats.
Demain, la tempête arrive dit la météo, une tempête jaune ou orange, on ne sait pas encore, les jardins publics seront fermés. On prend des précautions avec les jardins publics.

J’ai demandé si les huitres étaient bonnes. Oui, elles sont bien vivantes, et j’ai dit Tant mieux, parce que je n’aurais pas supporté que les huîtres – en plus du reste – meurent.
Si tu me dis qu’elles sont mortes, je pleure.
Elles étaient vivantes, il les a mangées.
Avec cet appétit très beau.

Le temps passe.
C’est tout à fait certain. Vérifiable. D’une rigueur exemplaire.
Alors quel besoin avons-nous d’insister là-dessus chaque année…

 


Texte 205 ≈ Sortir du vide ≈ journal vrai/faux de Sophie Poirier ≈
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