La commande est arrivée dans l’automne, par l’intermédiaire de Jean-Pierre Brossard du collectif X3. Il revenait du Québec, où circulait l’idée qu’il était intéressant de travailler aussi avec des auteurs, cela changeait des agences de communication. Là-bas, celui qui avait eu cette bonne parole, avait dans sa rue un écrivain, avec qui il collaborait. Et donc, Jean-Pierre m’appelle parce que, d’une certaine façon, je suis l’autrice de son quartier et que mes écritures vont bien avec le sujet qui l’occupe.
En novembre 2019, me voilà ainsi dans l’immeuble Gironde où le département – et son service Agenda 21 mené par Julie Chabaud – organise un événement appelé Cousinade « La gironde s’invente« . Il s’agit de se retrouver entre « cousins », soit environ 200 collectifs et personnes engagés dans les transitions diverses autour d’ateliers, de réfléchir et de s’inspirer…
Ce jour-là, c’est la quatrième Cousinade. Les ateliers créatifs vont porter sur un scénario catastrophe – chaque table de travail avec son monde sans à décrire -, puis sur des persona à inventer : une sorte de citoyen post-crise et son évolution dans le nouveau monde… C’est l’idée de la résilience qui est abordée ici. Ce travail collaboratif est animé par le collectif X3.
Tout cela s’inspire du mouvement porté entre autre par Cyril Dion ou Alain Damasio sur la nécessité d’inventer un nouvel imaginaire, un autre récit pour contrer celui qui nous est imposé, massif et puissant. Penser l’avenir avec un autre vocabulaire, de nouvelles définitions, d’autres sortes de héros, de références, des histoires à se raconter pour aller dans d’autres directions.
à écouter Erri De Luca dans une émission de radio
« Je suis quelqu’un qui a un respect pour son vocabulaire, j’ai un système immunitaire qui me défend bien contre les falsifications des mots officiels. »
Ma participation à cet événement est une expérience pour tout le monde, moi compris : que peut faire un auteur à cet endroit-là ? J’ai écouté et noté de table en table pour écrire un premier texte que j’ai lu en début d’après-midi : une écriture en direct, rapide, frustrante parce que courte, je cherche quelle place occuper pour dire ça. Pendant ces ateliers, les complexités apparaissent, les écarts entre nous, la connaissance approfondie du collectif que certains ont déjà…
Avant l’après-midi de travail sur la création des personas, je partage quelques notions et références sur l’écriture : je parle du storytelling, du schéma narratif, des émotions et de subjectivité, des questions qu’on se pose quand on écrit… J’ai pour la première fois devant moi 60 personnes qui fabriquent des personnages : j’essaie de leur donner les pistes que je peux. Si ce principe de la fiche signalétique ne correspond pas à ma façon de créer mes personnages de livre, je constate que beaucoup se prenne vite au jeu d’inventer la vie de quelqu’un.
Ma mission – acceptée volontiers – : écrire à partir de ces personnages échafaudés une nouvelle sur cette idée de la Résilience, la première d’un recueil qui se composera ensuite d’autres nouvelles écrites par les cousines et les cousins.
Le projet « Nouvelles de 2030 » se poursuit par une série de séances d’écriture pour accompagner les volontaires à l’écriture de leur nouvelle.
Pour lire la nouvelle À l’horizon
Pour lire et voir les ÉCHOS de cette journée (compte-rendu assez complet)
Les intervenants animateurs du collectif X3 de ces ateliers et qui m’ont embarquée avec eux dans cette aventure sont : Jean-pierre Brossard, Yohann Didier, et Sophie Vialettes l’illustratrice qui dessine au fur et à mesure une fresque-synthèse.

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