« Marianne découvre parmi les archives de son père un étrange carnet. Il contient des pages entières d’avis de recherche découpés dans des journaux. Avec ces filles perdues qu’il faut bien retrouver, cela devient aussi l’histoire de Marc, le détective engagé par Marianne.
Et puis il y a les pères, partout. Comme des ombres inquiétantes.
Ces pères qui ont traversé 68 et qui n’ont transmis à leurs enfants, pour se défendre, qu’un certain goût pour la liberté… »
Quatrième de couverture
Quelques mots au sujet de ce roman écrit entre 2008 & juin 2009
Le point de départ de ce texte a été un constat. Autour de moi, parmi mes amis, les amis des amis : il n’y avait plus aucun père. Comme si nous étions seuls au monde, et dans un drôle de monde. J’ai regardé, écouté davantage, et souvent cette faille/ce manque concernant le père. Nos pères étaient soit : mort, malade, disparu, lointain, pas fiable, alcoolique, transparent, ou tellement écrasant, exigeant, insupportable.
En même temps que je réalisais ça, sans en faire une étude sociologique, je pensais au mien. Parkinsonien. Qui m’avait donné les leçons sur la liberté. Qui m’avait montré la vie sans gêne. Longtemps, j’étais fascinée par leur mai 68, par leurs désirs et par leurs excès. Née en 1970, j’ai grandi avec Polac (qui fumait) à la télé, le cinéma de Minuit, Gainsbourg. À 13 ans, mon père m’emmenait voir « Pauline à la plage » de Rohmer, et « India Song » de Marguerite Duras. Plus tard, j’avais le droit de sortir la nuit, même de ne pas rentrer si je voulais. Dans les bars où j’allais avec lui et mes copines, on ne savait plus trop qui étaient les parents, les amants d’un soir, les enfants, les petites amies de passage…
Et puis tout d’un coup, c’était comme s’il n’y avait plus eu personne. Dans cette maladie dégénérative que mon père avait et dont il est mort ensuite, j’y ai vu la métaphore douloureuse et tragique de la catastrophe, d’une défaite, tout ce qui s’enfuit. Et tous ces pères qui avaient disparu d’une façon ou d’une autre. Avec, en place, à la place, une morale paternaliste qui semblait revenir, des injonctions nombreuses.
Il y avait toute une génération perdue, pas au sens qu’on aurait sacrifié, mais qui reste perdue, qui ne sait pas qui être ni comment.
Le point de départ du livre, c’est tout ça dans ma tête.
Et puis je trouve ce carnet. Qui contenait des avis de recherche, quelqu’un les avait découpés dans les journaux puis collés sur chaque page, pour faire une collection de filles disparues. Mon père, qui a toujours aimé les livres de Modiano et aussi acheter aux puces des objets qui furent à d’autres, aurait pu être l’auteur de ce carnet étrange.
Voilà pourquoi j’ai inventé Marianne qui cherche, un détective privé qui cherche aussi, et toute cette histoire…
ISBN 978-2-915368-08-6 / EAN 9782915368086 /
La maison d’édition ayant cessé son activité pour cause de départ à la retraite de l’éditeur, des exemplaires du livre sont encore disponibles : il suffit de me contacter ici

« (…) Oui, je confirme, j’aime l’écriture de Sophie, j’aime son phrasé particulier dans lequel je maintiens avoir reconnu un je-ne-sais-quoi d’Angot mais là où Angot utilise sa prose à des fins névrotico-nombrilistes caricaturo-pathologico-exaspérantes au point d’en gommer jusqu’aux aspects les plus positifs, Sophie plonge finement dans son sujet et dépeint ses personnages avec empathie.
Ce 2e roman est une vraie réussite. J’attends impatiemment la parution du prochain.
Critique de Cécile sur son site CécileQuoide9 (2/12/2009)
« (…) J’ai aimé ces titres de chapitres en langage ferroviaire (« ne jamais descendre avant l’arrêt complet », « ouverture de secours », …), la plongée au coeur des existences, l’ambiance décrite efficacement en peu de phrases, les petites phrases « comme ça », au détour de l’histoire, l’épisode à Venise (…) »
Article de Keisha sur son blog En lisant En voyageant (24/11/2009)
À bord du père fantôme
Le second roman de Sophie Poirier règle les comptes avec ces pères, jeunes « adultes en chantier » en 68, devenus matznéviens, comme on a pu être hussard ou mao. De ces pères libertins et désinvoltes, amateurs de chair fraîche, cyniques et finalement pathétiques, que le destin –appelé justice par les médisants au regard torve-, rattrape un jour ou l’autre. Ils ont négligé les enfants qu’ils ont faits avant de mûrir, et à côté desquels ils sont passés, préférant courir, égoïstes au cœur d’artichaut sec, après des chimères pour pub Lolita de Lempicka. C’est la fille de l’un d’eux qui parle. Sans concessions. Avec la douleur en elle et au bout du stylo, comme des hameçons plantés au cœur et à la lèvre.
Sophie Poirier nous avait déjà donné La libraire a aimé. Là, elle se lâche avec un bref roman admirablement construit, aux accents que je persiste à trouver durassiens, enrichi d’une écriture plus serrée encore, plus sûre, plus dense et sachant rebondir d’une idée l’autre ; à la manière d’un chat.
Sujet : le père, encore jeune, n’en finit pas de mourir, sur sa chaise roulante. Sa fille Marianne va avoir quarante ans. En visite chez lui, elle « tombe » sur un carnet contenant une liasse de coupures de presse faisant état d’étranges disparitions de jeunes femmes. Le doute l’étreint. Elle engage un détective pour savoir, davantage que pour faire la lumière, sur une possible et innommable horreur. Stop…
Comment se construire à l’ombre d’une telle image du père, de l’homme, lorsqu’on est une fille qui porte le prénom du premier amour de papa, et que l’on est devenue femme, puis mère ? Sophie Poirier a le tact de ne pas tirer sur l’ambulance. C’est un cri d’amour qu’elle pousse, mais avec une infinie pudeur, le cri d’une qui veut comprendre. C’est un long cri poignant. Car elle en est là : « Avec la peur des hommes. Un manque de confiance impossible à combattre. »
Alors Marianne fout le camp à Venise. Pas pour provoquer en duel, et Byron et Casanova. Pour ne plus voir dans la glace, au creux de son visage, « ces minuscules stries, la vie d’avant (…) les rêves, les promesses, les illusions. » Elle y fera le point. Sur elle – pour s’en sortir. Et sur ces pères inachevés.
Au lieu d’attendre fébrilement un seul mot d’amour, le mot gentil, la fierté qui viendra, ou pas, de la part du père, ce modèle, elle accuse une génération perdue, victime d’une certaine insouciance de vivre. « Autrefois les hommes, et la solidité des métiers, organisaient la vie de tous. Puis ils sont devenus les premiers chômeurs, les premiers divorcés, et maintenant les premiers à mourir, nos pères se désagrégeaient, incapables de montrer la route. » Il est terrible, ce roman. Et Sophie Poirier, terriblement juste.
Critique de Léon Mazella – journaliste- sur son site kallyvasc
« Au commencement, il y a toujours nos pères.Celui-ci aimait les vieilles choses, les brocantes, les oublis sur les poubelles, les livres de Modiano écrits avec des réminiscences, les énigmes de vies aperçues dans des agendas de 1952 trouvés par hasard, les musiques qui craquent, les tableaux sans signature un peu croûtés. Il organisait la décoration avec des bibelots et des restes de la vie des gens, achetés aux puces le dimanche. »
Le père de Marianne est impotent, immobilisé dans un fauteuil roulant. Il a chargé sa fille de trier ses livres, ses souvenirs, ses papiers. C’est lors de ce rangement qu’elle trouve un carnet à spirale à « couverture noire. Le genre de carnet qui ne doit pas tomber entre toutes les mains ».
Il est rempli d’articles découpés dans des journaux, uniquement des photos de jeunes filles, avec la mention Avis de recherche ou Portée disparue. Marianne engage alors un détective – « Marc Devin. Devin, pour un détective, c’était bien. Il y a des gens qui coïncident avec leur nom de famille » – car elle a besoin de savoir ce que sont devenues ces jeunes filles. Pourquoi son père a-t-il réuni ces coupures de presse ?… Et s’il les avait tuées ? « Marc avait un doute quant à sa capacité à mener une enquête de cette sorte. Il ne parlait d’ailleurs pas d’enquête, lui. Il disait Intervention, il expliquait : en ce moment j’interviens sur telle affaire. Ce mot, comme pour les réparateurs de photocopieurs, lui semblait plus adapté à la situation. »
Le travail de Marianne l’oblige à voyager constamment en train. La construction du livre suit ce déplacement, avec des titres de chapitre en forme de consigne de sécurité, comme « Les voyageurs sans titre de transport sont priés de se signaler », ou « Tout bagage non marqué sera considéré comme abandonné ». C’est une sorte mouvement vers l’avant, inéluctable, qui pousse Marianne en direction de son père d’abord, de Marc Devin ensuite, puis de toutes ces filles pistées, esquissées, retrouvées… Jusqu’aux pères multiples de ces filles enfuies.
Ces pères « avaient quelque chose des ogres. Celui du Petit Poucet, c’était ses propres filles qu’il tuait, trompé par la couleur des bonnets. Des pères mangeurs d’enfants, des hommes consommateurs de jeunesse »
Questionnant une génération, celle des pères des années 70, Sophie Poirier oscille entre constat désenchanté et pèlerinage. Son personnage, Marianne, doit s’entretenir avec la figure du père, en pointer les contradictions.
« Dans le film, le vieil homme s’éteignait seul sur sa chaise, écrasé par le soleil. À Venise. En réalité, il n’y avait ni plage, ni ville italienne, ni beauté. Beaucoup mourraient à l’hôpital, dans une chambre blanche, avec autour des enfants perdus. »
C’est un livre court, très personnel que nous offre ici Sophie Poirier. Avec ses portraits de personnages, son style délicat et dénonciateur, Mon père n’est pas mort à Venise possède un charme indéniable. Des blessures et des espoirs s’y mêlent, entre « Train fantôme » et « Porte ouvrant sur la voie »…
Article de Christine Jeanney sur le site Pages à Pages

« (…) J’ai suivi avec inquiétude et intérêt l’enquête de Marc sur les filles disparues. C’est surtout le prétexte a dresser un portrait des pères soixante-huitards, qui n’ont pas transmis grand’chose à la génération suivante. Il y a de très belles pages sur ce thème là à la fin du roman. (…) »
Article de Aifelle sur son blog Le goût des Livres – Elle a fait de Mon père… un livre voyageur : Merci ! (Nov. 2009
« Je me suis régalée de ce nouveau livre de Sophie Poirier, je n’ai pas pu le lâcher. Tout d’abord l’idée excellente pour évoquer tant de personnages, très bien écrit comme pour le précédent. De l’humour pour dépeindre par exemple le détective Marc Devin, de l’ambiance ; j’ai également aimé comme elle règle ses comptes avec les pères, ce qui n’est pas habituel. Son livre est original comme le précédent mais celui-ci est encore plus fouillé et réussi psychologiquement. Je l’ai lu un peu vite tant l’intrigue nous tient. Je vais le relire pour mieux le redécouvrir. »
Un lecteur : R.B. sur le site de l’éditeur Ana Édition
« J’ai beaucoup aimé suivre cette femme qui fouille dans le passé de son père, qui cherche à comprendre, à canaliser l’angoisse, à répondre aux questions non formulées. J’ai également retrouvé avec grand plaisir ton écriture fine et sensible, mais plus maîtrisée, plus construite que dans ton premier ouvrage. On sent que tu as mûri, grandi et je pourrais même dire que par ce livre, on comprend tout de suite qu’on a à faire à un vrai écrivain, et non pas à une jeune femme qui aurait juste eu le coup de bol d’être choisie pour un premier ouvrage, et qu’un seul. J’ai trouvé dans cet ouvrage un humour qui répond tout à fait à ce que j’aime, j’ai souvent souri ; j’ai aimé cette femme et les mouvements et bruits des trains, j’ai adoré le détective, et la fin est si belle… Bref, un très beau moment de lecture ! Merci encore Sophie ! »
Critique de Liliba sur son site Les lectures de lili
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