Ce week-end, quelqu’un m’a parlé de Bulot : de se mettre en « mode bulot ».
Selon les définitions, le bulot est présenté comme un coquillage ou comme un mollusque.
Coquillage est un mot assez élégant, qui évoque tout de suite un raffinement, un doux abandon sur une plage…
Mollusque, comme bulot, tout de suite nous amène vers un état de chose molle, un repli sur soi, retour à la coquille, ce domicile idéal qui nous protège du monde extérieur.
Il faut bien le dire, bulot c’est pas sexy. Et même si au niveau des consonances, ça peut évoquer la bulle et toute la poésie qui va avec, ça n’a aucun rapport étymologique. Bulot, c’est pas léger du tout, c’est la fatigue, la carapace, voir le donjon…
Forcément on n’avoue pas facilement aux autres que la tentation du jour pour soi-même est celle du bulot. Dans nos époques d’efficacité redoutable, il est mal vu de ne pas tout bouffer avec les dents longues et d’être en arrêt maladie (mais ceci est un autre sujet). Donc si t’es bulot, tu dis rien, tu fais semblant que pas, mais au fond de toi, tu mollusques grave.
Est-ce dangereux pour la santé ?
Si ça devient une identité, une éternité (bulot for ever), une vocation : oui, clairement, ça craint (pour les raisons évoquées plus haut, pour attraper des princes charmants, c’est pas idéal)
Si c’est un passage, ma foi, laissons le bulot nous envahir : pas d’engagement, pas de responsabilité, pas de décision, le mollusque prend des vacances…
Pourquoi je parle de ça ? De la tentation du bulot ?
D’abord, parce que ma copine-bulot méritait un hommage et une explication de texte façon « bulot-sophie ».
Ensuite parce que ce bulot-là m’a amenée à une autre théorie. Il s’agit du dilemme du bulot, dans lequel je suis :
Je pense aux indignés, dont je partage les idées en cliquant nonchalamment « I like » sur FB.
Je pense à la gravité de la situation, à l’avenir de mon fils tout droit dirigé vers un mur, à ces discours politiques que je ne supporte plus.
Je pense que je n’ai pas envie d’aller camper à la défense (ni de porter un bonnet péruvien) (je me moque, c’est pour détendre l’atmosphère).
Je pense que je ne sais pas comment AGIR pour participer à ce mouvement général que je crois essentiel et vrai.
Alors pour l’instant, je bulote… Ni fière, ni honteuse, juste emmerdée par mon incapacité à trouver le moyen d’AGIR.
Mais, il faut que vous sachiez qu’existent aussi des bulots à pattes… Des bulots qui bougent donc, qui avancent, qui progressent lentement mais sûrement. C’est quand ils deviennent le réceptacle des bernard-l’ermite : une sorte d’Occupy Bulot ! J’attends donc le réveil du bernard-l’ermite qui sommeille en mon bulot. (et le vôtre avec)
Lire l’épisode suivant : Bulot-Sophie (1)