Chronique du Bulot, ou la Bulot-sophie (1)

Rappel des faits : Coquillage épanoui alangui sur une plage, un peu mollusque sur les bords (surtout si on le chatouille de trop près), parfois investi d’un bernard l’ermite qui le fait devenir à pattes (et alors il progresse de quelques pas), le bulot sauvage (car le bulot ne se domestique pas, ou alors de façon radicale et là il se fige pour l’éternité, bouilli dans les eaux salées d’une marmite) (souhaitons que cela arrive le plus tard possible) est un animal particulier dont nous essaierons au fil des chroniques de comprendre l’âme tourmentée…
À l’observer, nous constaterons qu’il a à la fois des velléités de transformation radicale et d’action trépidante mais aussi un besoin fondamental qu’on le laisse en paix, la tentation du repli sur soi, d’où ses interrogations, d’où ses paradoxes, d’où ses fantasmes, d’où ses égarements.
*(Naissance de la théorie du bulot à lire ici)

Je ne m’attendais pas à un tel succès. L’article « La tentation du bulot » a dépassé tous les scores de vues enregistrées sur ce blog. Après quelques échanges enthousiastes avec certains lecteurs autour du bulot (Bulot libre et sauvage, bulotement vôtre, etc), j’ai compris que le bulot touchait quelque chose en nous tous – ce qui n’était clairement pas gagné d’avance, vous en conviendrez. Oui, voilà, le bulot nous transmettait une universalité pour le moins inattendue.

Cette sorte de bulot-mania a de quoi nous interroger…
D’abord, cela signifie qu’est en train de disparaître la domination de l’animal efficace et parfait qu’on nous incite à être : se fantasmer bulot n’est carrément pas « libérale attitude », il y a donc quelque chose de ce côté-là qui est en train de changer. Et ça, voyez-vous, moi ça me réjouit. Finie l’apologie du requin, terminée la gloire à la sirène, nous entrons (enfin) dans l’ère du bulot qui s’assume.

Ensuite, le bulot nous a inconsciemment parlé d’une chose qui m’a toujours passionnée : nos paradoxes. Le bulot nous amène du côté des failles, des peurs, des hésitations. Cette façon « mollusque » que nous avons souvent de ne pas aller plus loin malgré les rêves et les désirs, ce rapport si complexe que nous avons au passage à l’acte, cette sensation d’être souvent dépassé par les événements extérieurs, cette panique au pied des sommets qui nous fait y rester plutôt que de tenter l’escalade.
Le bulot, cette tentation du bulot, nous met en face de ça, du repli en soi tantôt salutaire, tantôt dommage !
( le bulot a-t’il des regrets ? Nous ne le savons pas encore…)

Enfin, il y a le sourire du bulot. Car le bulot, en toutes circonstances, ne se prend jamais au sérieux (franchement, un bulot, quand même, vous imaginez comme c’est impossible pour lui de s’y croire et de se la péter) donc il ne peut que faire preuve d’autodérision et dès que possible se marrer dans un grand fou rire.

La chronique du bulot était née.

Prochain épisode (2) : Être bulot ou ne pas ?