Texte 6 ≈ Sortir du vide ≈ journal vrai/faux de Sophie Poirier ≈J’ai fait lire à mon fils le nouveau blog. Il a dit : « En fait, en ce moment tu galères un peu… »
J’ai fait lire à mon fils le nouveau blog. Il a dit : « En fait, en ce moment tu galères un peu… »
J’ai souri.
C’est exactement ça, je galère un peu.
Je me suis demandée si « la zone transparente » devant moi n’était pas une sorte d’angoisse de la page blanche.
Sur le vide : pourtant je sais que ça n’est que de la matière noire, que la matière noire est une énergie, que les physiciens appellent ça « le vide » parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. Donc le vide n’est pas le rien.
Je devrais appeler ce blog « Sortir de la matière noire ». Mais ça fait gothique romantique.
Hier soir, j’ai longuement regardé les gens passer dans la rue.
Hypnotique. Et si parfois j’éprouve une grande tendresse pour certains, je constate tout de même qu’ils sont pour beaucoup insupportables.
Quant à moi je me transforme en vache, posée là sans bouger à regarder passer les wagons de touristes.
Pour m’épargner, on va dire que je contemple la nature humaine.
Une certitude aussi : je ne suis pas hyper-active.
*la phrase du titre fait référence à « L’art de ruminer » : j’avais lu cet aphorisme il y a longtemps. « Il est vrai que, pour pratiquer de la sorte la lecture comme un art, une chose est nécessaire que de nos jours on a parfaitement oubliée […], une chose pour laquelle il faut être presque bovin et, en tout cas, rien moins qu’« homme moderne » : la rumination. »