Philippe POUTOU : cherche débats et transparence

Prendre un café dans un bar PMU à Bruges en compagnie d’un ancien candidat à la présidentielle, et avec lui évoquer Le Jimmy et La Lune dans le caniveau : quand JUNKPAGE rencontre Philippe Poutou, candidat NPA aux municipales à Bordeaux.

À ceux qui lui demandent « Pourquoi ne pas se présenter à la mairie de Blanquefort, puisqu’il travaille chez Ford ? », il répond, un peu moqueur : « Parce que c’est à Bordeaux que j’habite ! »
Il y vit même depuis l’âge de 7 ans (il en a 47), quand son père facteur obtint, après les années obligatoires à Paris, sa mutation de retour au « pays ». De fait, il a avec un certain nombre d’entre nous les mêmes souvenirs intenses d’un Bordeaux où les concerts punk-rock se jouaient dans des bars « tout en longueur », les caves et les petites salles devenus légendes, comme notre Jimmy évoqué en intro.
C’est de cette façon qu’on commence à parler de la ville : « Les façades étaient noires, mais c’était bien quand même ! »
Il se souvient : « Mes parents faisaient visiter fièrement Bordeaux à leurs amis, ils les emmenaient voir la place de la Bourse. Elle était moins mise en valeur, mais c’était déjà beau.»

Se présenter aux municipales ? « C’est le même objectif qu’à la présidentielle : parler au nom de tous ceux qui n’ont pas la parole. Quand tu votes, tu donnes ta voix et après on te la confisque. Les citoyens sont considérés comme juste bons à voter. »
Le NPA sert à ça, à s’emparer un peu de la démocratie. Pour lui, la culture, c’est pareil, il faudrait pouvoir s’en emparer : « Mais dans les milieux populaires, il y a des choses, l’opéra, par exemple, ou le théâtre, qui ne semblent pas faites pour nous, en plus de la barrière de l’argent. Pour convaincre les gens qu’ils peuvent y aller, il faut les former et les convaincre, être militant là aussi. Les associations le font, il faut les aider. Le budget doit servir aux centres d’animation, à développer les initiatives dans les quartiers. La rencontre avec les artistes, comme à Pessac avec Ibos, par exemple, c’est ça qui t’aide à t’approcher. Rendre la culture accessible à tous, ça ne veut pas dire faire facile, ça veut dire donner accès à, accompagner. On manque de lieux ouverts, les cafés servaient à ça aussi, des lieux dans lesquels on peut parler, jouer aux échecs, échanger ; elle se fait là aussi, la culture. Maintenant, il y a des banques… »

On parle du cirque Romanès, « très touchant et sans barrière entre les gens et les artistes », du théâtre de rue, qu’il aime bien, et des festivals à Libourne ou à Périgueux (Mimos), du film chinois qu’il a vu dernièrement à l’Utopia, A Touch of Sin (palme du meilleur scénario 2013, à Cannes), sur le thème du monde du travail. Il dénonce : « Dans une ville, comme dans les médias, on ne parle que de deux ou trois trucs : la Fête du fleuve, la Fête du vin ou le cirque Pinder. Ça prend toute la place, dans Sud-Ouest, les affiches, partout, tu peux pas rater! Et le reste, alors? Comment on communique dessus? Comment on donne envie? C’est une question politique de choisir quelle info on met en avant, non? »

S’il se réjouit de la réouverture du Museum d’histoire naturelle, il remarque au sujet des musées et d’un thème qui est au cœur de son engagement : « Dans les musées municipaux ou nationaux, on parle très peu des épisodes de révolte qui ont constitué l’histoire d’une ville, et Bordeaux en particulier ! En fait, on conçoit des lieux d’histoire, mais on sélectionne ce qu’on met dedans… »

Il conclut : « Je ne porte pas de cravate et je ne connais pas les dossiers aussi précisément que les politiciens et les technocrates, mais j’ai quand même des choses à dire. Nous, on est dans la réalité, et je peux parler de cela, de cette réalité. Les candidats NPA se présentent aux élections pour faire entendre autre chose et défendre une autre conception de la politique. »

Liste NPA conduite par Philippe Poutou et les Rouges vifs à Bordeaux / élections municipales 2014
Article rédigé pour JUNKPAGE n°10 mars 2014, dans lequel on trouve aussi la déambulation au Musée de la Sécurité sociale.