Assez tôt j’ai choisi d’enseigner à mon fils la notion du détachement aux symboles.
Quand on est de famille décomposée/recomposée sur plusieurs générations, les journées à symboles sont quelquefois charmantes mais souvent, elles compliquent la vie et elles ont un fort pouvoir de tristesse.
Comme avec mon fiston, nous n’étions jamais sûrs d’être ensemble le jour dit (anniv, noël, fête de mère/père, de pâques & co) et que j’en avais fait l’expérience moi-même enfant, il m’a paru préférable d’élaborer une pensée neuve : le jour J n’a aucune importance, une fête des mères ou Noël se fêtent comme on veut, quand on veut, et surtout si on veut, si on peut.
Et puis il y a toujours ceux qui n’ont rien à fêter. Ou qui ne fêtent plus.
Je pense à eux. Et comme ça doit être lourd ces célébrations collectives.
Forcément, la première fois que j’ai constaté que mon fils (qui avait largement dépassé l’âge du collier de nouilles) oubliait carrément d’appeler sa mère en ce jour pétainiste (quand même oui), j’ai eu comme un pincement.
Mais je me suis dit : « Ok, tu l’as voulu comme ça et ça marche… Il est libre, c’est ça que tu voulais fêter. Donc fais pas ta pleureuse. »
Forcément, j’ai aimé les poèmes hésitants et le petit pot de yaourt peint qui me sert encore à ranger des crayons dans la salle de bain. C’est une mignonne situation quand les enfants s’appliquent de tout leur coeur.
Mais n’en faisons pas trop.
Il y a aussi ces adultes croisés qui disent « Pff… faut que j’aille manger chez ma mère dimanche » ou, quand l’âge des DO IT Yourself est derrière soi : « Ch’ai pas quoi acheter à ma mère pour la fête des mères… T’as pas une idée ? »
N’en faisons pas trop.
Il y a une mère qui attend son coup de fil – peut-être qu’il est rare – et l’enfant (adulte) qui ce soir se tapera le front : « Merde j’ai oublié d’appeler ma mère ! » Le coup de fil arrivera enfin, tard, et la mère aura eu un drôle de dimanche mélancolique…
Ou l’adulte qui aujourd’hui voudrait plus que tout aller embrasser celle qui est morte il y a déjà quelques années…
Je pense aussi aux mères à qui on a pris les enfants de force ou pour toujours.
N’en faisons pas trop avec les symboles.
Ils sont délicieux pour ceux qui vont bien, il sont terribles pour les autres.