Ce matin, je pensais à cette division que l’on organise depuis là-haut, sinon l’organiser au moins l’alimenter, souffler sur les braises, pour que dans le pays on s’oppose, binaire, gilet jaune ou gilet orange, tout ça gilet de sauvetage pourtant, chasse ou VTT, viande ou soja, porc ou ne pas, la ville ou la campagne, l’écolo ou le facho ou le bobo ou les ruraux, toujours ce truc pour qu’entre nous on se regarde en chien de faïence et puis soudain en ennemis. Je pensais quel drôle de gouvernement qui attise cela.
Et puis, je lis sur un fil d’actualité qu’en ce jour de fronde – et c’est une autre façon de la Nuit debout et je sais ce qu’ils ressentent à se réunir sans se connaître et debout ensemble faire les barrages aux péages, ils sont dans l’adrénaline du collectif, dans le kif de reprendre leur voix mal utilisée ou mal votée, dans la découverte qu’un peuple pourrait guider, moi debout sur la place de la république j’avais ressenti ça – mais voilà que ce matin, une femme a paniqué dans sa voiture parce que des humains en gilets jaunes – mais je croyais que c’était rouge la couleur de la colère pourtant la colère était tellement grande qu’ils ont tapé sur sa voiture – alors elle a paniqué et elle a perdu le contrôle et elle a tué une autre femme, une manifestante.
Le peuple, de colère et de panique, qui s’entretue.
À ce point-là.