Mon vrac du C

On pourrait commencer par un « Ça Caille » (prononcé à la bordelaise), mais ça pas besoin de moi pour faire le Constat. C’est l’hiver, il fait froid, tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes surtout quand t’as un Chauffage.

Premier mot en C qui a chahuté ma semaine : Choc.
En lisant l’article – dans Owni – « Qui veut voter pour l’enfer ? », j’ai donc repensé au documentaire La stratégie du Choc d’après l’essai de Naomi Klein. L’analyse du philosophe Jean-Paul Jouary montre que cette stratégie ne faiblit pas, la preuve en est : nous sommes comme tétanisés, ou résignés, ou fatigués, ou abasourdis. Bref des trucs qui rendent immobiles. Monique et Michel Pincon-Charlot le décrivent assez bien ici…
Donc du Choc en veux-tu en voilà qui nous laisserait Coits.
Pas encore comme les grecs, qui eux ont faim (lisez ça, c’est Carrément effarant).

En montant dans le tram, heure d’affluence, j’ai vu ça : les gens qui se lèvent des strapontins pour laisser la place et qui regardent vers la fenêtre. Du coup, ils se tournent le dos, ils regardent en face, vers l’extérieur, hors du tram, hors des gens. L’image était étrange (j’aurais dû prendre une photo, ça aurait été plus clair) : Chacun pour soi, j’ai pensé, on se tourne le dos, on regarde ailleurs… « Ça nous passera, j’m suis dit, ça nous passera, Chaos aussi ça prend un C… »
« Camarades ! » j’aurais pû lancer à tous ces gens dans le tramway mais le manque de Courage…

Avec mes Copains, on a parlé de ça ces derniers jours, du manque de Courage et puis aussi des Chagrins d’amour. Le courage d’aller au-delà des limites que l’on se fixe parfois un peu étroites, de cette morale qu’on s’érige pour s’empêcher de, du Corps qui n’a pas toujours les mêmes raisons que le Cœur…
J’ai vu aussi quelqu’un pleurer, et je n’aime pas voir des larmes de Crocodile couler sur un petit visage de fille qui se sent abandonnée. Heureusement, les camarades se serrent les coudes : à ceux-là que je connais bien j’ai osé le dire, il y avait notre courage, et nos câlins, et on a mangé des crêpes et on a crû en nous un instant.

Et puis le C magnifique : Clèves, le dernier roman de Marie Darrieussecq. Enfin lu. Aimé.
La sexualité des adolescents, dans les années 80… Elle écrit ce que l’adolescent que nous avons été n’a jamais osé dire, les pulsions, l’obsession, la permanence des désirs flous et précis à la fois. Aucune mièvrerie, aucune compassion. Une infinie tendresse pour ces petits êtres sans limite que sont les ados, des descriptions crus mélangées à ces instants de grâce absolue que l’on ressent à 15 ans quand on est transporté par un amour, par une musique, par un paysage. Des gros lourdauds, des filles bébêtes, des parents compliqués, des principes et des discours balancés dans des discussions de cour de récrés entre deux commentaires sur les tampons et les garçons, mais aussi les sublimes découvertes du plaisir…
Je me suis souvenue… mais j’ai aussi, de façon très intime, regardé à l’intérieur de mon corps aujourd’hui. L’écriture est délicieuse, quand s’emmêlent le vocabulaire de l’adolescent à la finesse de l’auteur. Elle n’a peur de rien, d’aucun mot.
Voilà enfin un beau C qui réveille l’esprit et relève les dos courbés.

C’est donc par la littérature que tu trouveras le Courage, je me suis dit à la fin…