
Invitation ≈ introduction ≈
Catherine Arbassette m’a proposé d’écrire pour son exposition autour du thème de la fête foraine. Je n’en savais pas davantage.
Je lui ai dit oui parce que j’aime sa fantaisie. On ne croise pas souvent des fantaisies, il faut savoir en profiter. Et puis cette présence franche et généreuse qu’elle a en face de vous.
(je crois aussi que c’est une tête de mule, ça en fait donc de la bonne graine d’artiste)
J’ai reçu ses premières images : l’étrangeté de celui/celle qui pose devant des manèges souvent vides, le décor figé et vif, des auto-tamponneuses désertées, et pourtant cette spontanéité du personnage, comme s’il ne se rendait compte de rien, ni du visage qu’il a, et quand même se prendre en photo devant et sourire.
Les cadrages coupés. L’absence de récit.
Je me demandais à quoi pouvait bien penser ce personnage masqué… Il avait l’air heureux, léger, des images de souvenirs de vacances.
Mais, je me disais, on fait tous semblant.
Je ne sais plus du tout comment je suis arrivée sur ce forum au sujet du phénomène psychologique de déréalisation. Peut-être que ce jour-là, je ne savais pas comment m’habiller…
De cette lecture des échanges entre gens atteints de déréalisation et de dépersonnalisation, j’avais relevé quelques expressions magnifiques sur des pathologies liées à ce qu’on appelle : une modification majeure du ressenti.
Et puis, à regarder les scènes peintes par Catherine, je me suis souvenue quand je faisais du théâtre il y a longtemps… Nous avions proposé un spectacle « surréaliste » de poésies et de textes courts, j’avais découvert Queneau et Prévert à l’époque, et pour les présenter, les récitants que nous étions, portaient chacun un masque d’animal que nous retirions au moment de prendre la parole. J’avais celui de l’oiseau.
L’étrangeté commune. Le goût du jeu.
Cette phrase du forum m’est revenue : « Je viens de me rendre compte que je n’existais pas. » Alors j’ai pensé que le mieux, c’était d’en parler avec mon psy.
> Pour lire le texte qui accompagne l’exposition : rendez-vous du 3 au 13 juin, Halle des Chartrons – Bordeaux. Vernissage : samedi 6 à partir de 17h.
> Pour écouter une version du texte : sur soundcloud
> Pour le lire sur l’écran : ici
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