La pluie ce matin comme la mousson.
J’ai fermé les yeux. Je me suis souvenue. La première mousson de ma vie.
C’est très récent. Je n’ai jamais été une voyageuse. Je commençais juste à apprendre.
J’ai fermé les yeux. Un temple à Angkor, la pluie, se mettre à l’abri avec cette famille qui vend des souvenirs et des choses à manger, le grill qui fume, les crapauds qui sautent autour de nous, le père en attrape un et le coupe en deux et paf sur le barbecue, pourvu qu’il se le garde pour son repas personnel, les adolescentes penchées sur leur smartphone, on achète des impers en plastique rose, la longue route en vélo vers un autre temple, avec cette pluie infernale, je n’ai jamais été trempée jusqu’aux os, maintenant je sais, et je fais du vélo sous cette pluie diluvienne au milieu de la végétation immense.
La même pluie. Presque. Je ferme les yeux. La mousson.
Alors, ça sert à ça les souvenirs.
Après ?
Vivre le plus possible de quoi en fabriquer de beaux, et beaucoup de paysages.
Pouvoir fermer les yeux sans inquiétude.

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