j’adore j’adore j’adore (18)

Ce qu’il aime, c’est être un touriste. Pour lui, touriste, cela signifie se trouver dans une situation nouvelle, sans repère, perdu, aimer cet inconfort, dans l’excitation de ne pas connaître, et faire peu à peu son chemin. Et quand tout lui devient familier, alors il part ailleurs, dans un autre projet, un autre disque. Aventure suivante.
J’entends au petit matin à la radio ce chanteur qui raconte comment il travaille, et cette réflexion sur son tourisme comme façon d’avancer et de vivre me donne envie de boire un café, de commencer la journée plus vite, de prendre mon sac à dos et mon vélo, d’aller me poster au bout de le rue et de regarder vers l’horizon avec la main au-dessus des yeux, d’hésiter sur la direction, et si je choisissais la moins connue ? Ah, la moins connue, c’est de revenir ?
De rester là, dans cet espace précis. Bien. Bien.
Visitons.
Sentir une vie intérieure qui s’organise, tant bien que mal, avec les moyens du bord, les équations avec plusieurs inconnues, avant devient flou, et après ?
Je reprends la position de l’explorateur, la main au-dessus des yeux, je scrute, le mystère est épais, je ne reconnais pas grand chose, une peau familière, des voix qui m’arrivent…
Et après ?
Je force le regard, comme si la main au-dessus des yeux aidait vraiment à mieux distinguer le lointain, c’est bête ce geste, j’essaie quand même, si, j’aperçois quelque chose, une vague idée, des silhouettes… Des signaux de fumée ou des incendies ? Y-a-t il une borne ou un panneau ? Toutes directions ? Autres directions ? La vie intérieure et le présent ressemblent un peu à avant mais pas exactement, l’avenir ? Parfaitement incertain, impossible de se repérer, quel est donc cet espace-temps, où vont les jours suivants, mais nom de nom, qui a la boussole ?

Mes amies, mes amis, en vérité je vous le dis, la situation n’est pas celle qu’elle semble être : nous sommes en pleine excursion.

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