Ce qui me manque le plus, c’est de faire l’école buissonnière, de désobéir, un brin d’insolence, un peu de retard, sortir du rang, bon sang, je ne m’y fais pas du tout…
Pourtant, j’applique sérieusement : notre discipline, notre confinement. Mais ces injonctions, marcher droit, sauver la nation (le programme d’enseignement proposé par le Ministère de l’Éducation nationale sur les chaînes publiques s’appelle « Opération Nation apprenante » et je crois mourir à chaque élément de langage-communication que j’entends), déjà vingt jours d’une obéissance qu’il faudrait en plus rendre aveugle, ce garde-à-vous-repos permanent : mets ton mouchoir sur le nez quand tu tousses, parle pas le masque plein, dis bonjour à la dame à un mètre, tiens-toi droite quand tu ne fais rien, désinfecte tes coudes avant de les mettre sur la table, ne va pas postillonner chez le voisin, compte tes pas quand tu vas acheter du pain, laisse du chocolat pour les autres, gna gna gna… Oh je crois que ça commence à me porter sur le système !
Pitié ! Donnez-moi des abeilles ! Ou des poissons dans un aquarium ! On pourrait les découper en morceaux ! Ou une tortue qu’on jetterait dans la mare ! Ou des petites filles modèles à martyriser !
Allez, quoi, juste une petite bêtise…
Le titre de cette chronique est une citation de la comtesse de Ségur, en exergue des Malheurs de Sophie
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