augure or not (26)

D’abord, j’étais excitée comme une puce.
Je vous explique.
Dans la vraie vie, la vie pas confinée, j’adore être dans un train ou dans une voiture ou sur un bateau, et voir des animaux dans le paysage, en particulier des oiseaux. Et j’avoue, aussi les moutons. Je ne sais pas pourquoi.
En bateau, en réalité, je n’ai jamais rien vu. Une fois, dans un fjord, je marchais au pied d’un glacier en train de disparaître (lentement mais sûrement) et j’ai vu au loin des dauphins. C’était une bonne pioche. Mais le plus souvent, conformément à mes voyages, ce que je vois, ce sont des hérons. Et j’aime beaucoup ce moment précis où depuis ma place, je vois le héron.
Et donc là, j’étais excitée parce que j’en ai vu passer un au-dessus de la ville. Ça m’a émerveillée. Que le confinement fasse ça, ce héron à regarder en levant la tête.
Et quasiment dans la foulée, juste à côté d’un arrêt de bus (je précise que c’est sur le chemin de mon exercice physique autorisé) sur le trottoir une sorte d’oiseau très fin et très élégant, noir et blanc, marquant une ressemblance avec celui du bord de mer qu’on appelle bécasseau, surtout dans la démarche rapide et le bec fin.
J’étais aux anges.
Et plus tard, dans le jardin, j’en n’avais jamais vu d’aussi près, deux mésanges charbonnières, celles qui ont une partie du corps jaune. Elles volent en faisant des rebonds dans l’air.
J’étais complètement extatique. Quelle journée ! Une sorte de paysage avait défilé sous mes yeux avec tous ces oiseaux dedans…
J’y voyais une sorte de signe positif, la poésie, la nature qui reprend ses droits, le ciel immense, l’espace, la liberté !

Et puis est arrivé ce rapace qui a plané en faisant de larges cercles pendant de longues minutes.
Un rapace dans la ville. Pile au-dessus de moi. Qui tournoie dans les airs…

Bon, allez, hein, c’est pas tout ça, j’ai des trucs à faire.
Je retourne à mes moutons.

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