a question of time (30)

Mardi, et on se défait lentement de nos habitudes.
On hésite un peu, garder ou perdre, devenir ou rester, oublier ou se remémorer.

Mardi. Je n’ai pas réfléchi hier soir à ce que je devais faire aujourd’hui. Il paraît que c’est essentiel, des objectifs quotidiens comme un cap, que dis-je une péninsule, ou plutôt une presqu’île… Ah oui, tiens, une île… Parfois, l’après-midi, le vent souffle dans les palmes bien effilochées du bananier qu’il y a dans le jardin, je ferme les yeux, et avec ce bruit, je fais mon voyage.

Mardi. À la date annoncée, les quatre semaines en plus, j’ai réagi bizarrement : « Mince, on va rater les premières plages du mois de mai, tu sais comme certaines années le mois de mai est délicieux et on peut aller à l’océan déjà. »
C’était une façon de taire tout le reste.

Mardi. Le temps s’étire. On nous encourage à être philosophe.
Comme si philosophe signifiait être patient. Mais, Sophie n’est pas patience.
En méditation, on conseille de regarder passer les pensées. Et quand les événements vous arrivent dessus, de ne pas chercher à les arrêter, comme une vague à surfer plutôt, ah des vagues… Oh oui, des vagues…

Mardi, et on ajoute un jour au jour. Quelquefois, on se surprend : on est déjà mi-avril. On hésite à ajouter ça passe vite quand même mais on se retient.
Ce qui est sûr, c’est que ça va passer. Comme tout. Tout passe.
Dans deux secondes, on sera un autre mardi.
Dans deux secondes, on sera en 2025.

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