Se réinventer.
Le président a dit cette phrase. Il va falloir se réinventer.
Bon, d’abord, je suis au chômage technique. Donc, je n’ai pas le droit de faire grand-chose. À part écrire, mais vu qu’écrire n’a jamais été considéré comme un vrai métier, ben ça je peux continuer à le faire. Mais sinon, je n’ai pas le droit de bosser. Et se ré-inventer, c’est du taf, je le présume d’ici. Alors, pour la réinvention, passe ton chemin.
Parce que, déjà, s’inventer !
Moi, j’en étais à peine là.
Presqu’à l’aube d’une vie, des prémices d’identité… Il y a encore quelques mois, je faisais des actes impulsifs d’achat dans une librairie (et j’en referai avec une grande jouissance dès le déconfinement) : j’étais repartie, avec sous le bras, Le sentiment d’imposture et La traversée des catastrophes. Et je découvrai tout juste un métier qui m’aurait bien plu : essayiste.
Donc j’étais en plein dedans. L’invention.
Y réfléchir, et pourquoi c’est si dur de devenir ? De s’inventer justement, décider qui on est, ce qu’on veut faire de sa vie, écrire ou ne pas, auteur ou autrice ou auteure, mais qui es-tu Sophie Poirier ? J’avais clos trois années d’analyse en imaginant que passer le permis de conduire remplacerait les deux séances de divan par semaine et bon, certes j’ai eu le code, mais 20 heures de leçons plus tard, et bien je n’avais ni permis ni économie. Mais de toute façon, plus personne ne conduit donc je me convainc pour l’instant de l’inutilité d’un volant pour piloter soi-même sur les routes. Au pire, elles sont tellement vides que je pourrais même conduire sans permis…
Donc, j’en étais là, moi, à l’invention, et ma foi, je trouvais ça passionnant mais légèrement angoissant aussi. Si on ajoute à ça les exhortations du monde d’avant, à être innovant et agile, bon, avant ce confinement comme vous je pense, j’avais des projets et des objectifs, et bref au niveau de s’inventer, j’avais encore du pain sur la planche…
Et là : se ré-inventer.
Franchement ?
En fait, plus j’y réfléchis, et plus je crois que ce mot ne veut rien dire.
Soit on invente, soit on n’invente pas. Non, mais c’est vrai, comme si on n’avait déjà pas assez de problèmes comme ça !
Qu’est-ce que c’est que ces histoires de réinvention ! Ou alors j’ai mal entendu…
Il a dit révolution ?
Ah, parce qu’alors là, c’est pas pareil…
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