La fièvre mortelle de l’horoscope (prologue)

Alors j’écoutais la radio, c’était jeudi, le journaliste parlait d’un virus, un coronavirus, avec de la fièvre et des difficultés respiratoires, ça se passait dans une ville chinoise, Wuhan, de ce que je comprenais au centre de la Chine, d’après Wikipédia une ville tentaculaire, et voilà que les habitants se retrouvaient confinés dans leur ville immense qui allait soudain leur paraître étroite.

On entendait à chaque flash info grimper un compteur tragique, 4 morts, 17, 34, et au lieu d’aller fêter le nouvel an ils allaient rester entre eux, c’était pourtant l’année du Rat de métal, ce qui prédisait prospérité et chance, et avouez qu’il y a de quoi avoir des doutes sur leur horoscope… et ça m’arrange de douter, parce que moi qui suis Chien en astrologie chinoise, il paraît qu’en année Rat de métal, je dois être patiente car je n’aurais pas tout ce que je veux. Et bon, j’en ai marre d’attendre.
Donc, au lieu d’un nouvel an à rejoindre les familles et fêter le nouvel an, avec ce virus les voilà toutes et tous enfermés, avec port du masque obligatoire, dans une mégapole angoissante où on peut mourir de s’approcher les uns des autres, et franchement je trouvais ça inquiétant et abstrait, la Chine c’est loin quand même…

Voilà que je me réveille vendredi matin et paf le virus est là, à Bordeaux !
La vache, je me suis dit, ça va drôlement vite maintenant un virus, aussi vite qu’un tweet en fait, une carte postale de Chine je suis sûre qu’elle aurait mis plus de temps à arriver, c’est ouf, hier soir j’écoutais des histoires de transmission de maladie mortelle comme un épisode de science-fiction, et ce matin, le virus est à ma porte.
Je rigole, mais je crains que nous ayons perdu, la notion de l’espace-temps pour toujours.

Texte 213 ≈ Sortir du vide ≈ journal vrai/faux de Sophie Poirier ≈ lire l’ensemble des textes de Sortir du Vide un texte au hasard